Plusieurs centaines de personnes ont défilé dans ce quartier de Sydney pour protester contre ce que symbolise le 26 janvier, choisi comme date nationale: le début de la colonisation des terres aborigènes. Un manifestant a tenté d'incendier un drapeau; son arrestation a provoqué une petite bagarre.
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Australia Day commémore le débarquement de la première flotte de colons britanniques sur le sol de Sydney - c'était en 1788. Cette année plus que jamais, le choix de cette date pour la fête nationale fait polémique. Une minorité d'Australiens, surtout des Aborigènes, considèrent que c'est un jour de deuil, et ils organisent chaque année des manifestations dans les grandes villes, pour célébrer ce qu'ils appellent le « jour de l'Invasion ». Celle de Sydney avait lieu à Redfern, le quartier aborigène. Un manifestant de 20 ans a été arrêté parce qu'il voulait brûler un drapeau - on ne sait pas encore s'il s'agissait d'un drapeau australien.
Une petite bagarre a éclaté quand les forces de l'ordre sont arrivées avec un extincteur. Un policier a été légèrement blessé. Une manifestante aurait aussi été très légèrement blessée. Elle a été emmenée à l'hôpital par précaution. La manifestation s'est poursuivie avec des slogans anti-police, mais il n'y a pas eu d'autres incidents. Dans le reste du pays, à Brisbane, la manifestation du jour de l'Invasion a rassemblé plus d'un millier de personnes devant le Parlement du Queensland. Et à Alice Springs, les militants ont axé leur manifestation sur les mauvais traitements infligés aux mineurs en détention dans le Territoire du Nord. Enfin, à Hobart, la capitale de la Tasmanie, la mobilisation pour Invasion Day a battu des records et la gouverneure de l'état, Kate Warner, a déclaré qu'il faudrait envisager de changer la date de la fête nationale.
Même au sein de la majorité libérale-nationale, des voix s'élèvent pour réclamer une fête nationale consensuelle. Ian Mc Farlane, ancien ministre libéral des Matières premières, suggère de choisir le 1er mars, pour commémorer l’unification concrète de l’Australie et de la naissance du premier gouvernement federal, le 1er mars 1901. « Nous devons nous attaquer au problème de la santé et du bien-être des indigènes, et nous ne pouvons le faire que si nous sommes unis. La question de la fête nationale suscite des opinions divergentes, et en réalité, divise l’Australie, et ce n’est pas un bon terreau pour améliorer les choses. Il y a cela, et puis le fait qu’Australia Day représente une insulte pour les premiers habitants de cette terre, parce que c’est ce jour-là qu’a commencé la confiscation de leurs terres. Ce sont des raisons amplement suffisantes pour trouver une autre fête nationale, à une date qui permettra à tous les Australiens de célébrer leur pays et d’en être fier », a-t-il estimé.
Pour le gouvernement, le 26 janvier est la fête de tous les Australiens, même les indigènes
Le ministre du Trésor, Scott Morrison, a déclaré qu'il n'était pas question de trouver une autre date que le 26 janvier pour la fête nationale. « Il ne faut pas nier une partie de notre héritage et de notre histoire, qu'il s'agisse de notre histoire coloniale, l'histoire du peuplement du pays, notre héritage indigène si ancien, les vagues d'immigration après la Seconde guerre mondiale, et les arrivées récentes des réfugiés. Tous ces chapitres forment le roman national australien et aujourd'hui c'est notre fête nationale, c'est le jour pendant lequel nous célébrons tout ce que les Australiens ont créé depuis cette date », a déclaré Scott Morrison sur ABC.Un autre ténor de la majorité libérale-nationale, le numéro 2 du gouvernement et ministre de l'Agriculture, Barnaby Joyce, n'a pas caché sa colère au micro de la radio privée 2GB. « J’en ai assez de tous ces gens qui veulent nous faire culpabiliser à chaque fois qu’il y a un événement national, qui nous disent: “ce que vous faites est mal”. Ils n’aiment pas Noël, ils n’aiment pas Australia Day. Ce sont juste des gens dégoûtés, malheureux, et j’aimerais bien qu’ils rampent sous une pierre et se cachent là pendant un petit bout de temps », a préconisé Barnaby Joyce.
L'écrasante majorité des Australiens ont passé la journée autour d'un barbecue, avec des drapeaux australiens dans les mains, ou imprimés sur leurs serviettes de plage, leurs tongues ou leurs lunettes de soleil, et des parades ont été organisées dans les grandes villes pour célébrer l'unité multiculturelle du pays. À Melbourne, des représentants de 90 communautés ont défilé sur Swanston Street, la rue principale.
À Fremantle, la fête nationale sera célébrée le 28 janvier, par respect pour les Aborigènes
Fremantle, une petite ville portuaire de la banlieue de Perth, en Australie occidentale, est la seule du pays à avoir décidé de ne pas célébrer la fête nationale le 26 janvier. La fête aura lieu le 28 janvier, pour ne pas offenser la communauté aborigène. C'est une première qui réjouit Robert Egginton, un chef Noongarr, que la mairie de Fremantle a consulté sur la question. « On fête notre histoire le 26 janvier, mais dans cette histoire, les Aborigènes ont tellement souffert. Le 28 janvier en revanche, est une fête pour tous », estime-t-il.
Notons que cette décision divise la communauté aborigène. Certains anciens sont en faveur du maintien du 26 janvier, à l'instar, par exemple de Robert Isaacs, l'ambassadeur d'Australia Day en Australie occidentale. « Nous formons une seule et même nation, et nous devons nous efforcer de ne pas oublier que nous devons aller de l’avant, et ne pas regarder vers le passé », a-t-il déclaré. A Brisbane, la manifestation du jour de l'Invasion a rassemblé plus d'un millier de personnes devant le Parlement du Queensland. Et à Alice Springs, les militants ont axé leur manifestation sur les mauvais traitements infligés aux mineurs en détention dans le Territoire du Nord.