Australie : la famille d'un Aborigène mort en détention entre peine et colère

Le centre correctionnel Fulham, dans le Victoria.
Les proches d'un homme aborigène mort dans une prison du Victoria réclament plus de considération. Deux ans plus tard, on ne sait toujours pas quelle est la cause du décès.
C'est en juillet 2014, au cours de la semaine NAIDOC, célébration annuelle de l'histoire et de la culture aborigènes, que Leister Ross, du peuple Mutti Mutti, a été retrouvé mort dans sa cellule de la prison de Port Phillip, à Melbourne. Depuis, sa cousine, Karyn Ross, tente de comprendre ce qui s'est passé : « Évidemment, dans la famille, tout le monde savait que Leister était régulièrement envoyé en prison, pour des cambriolages principalement. Mais je pense que personne ne pouvait imaginer qu'il serait mort à l'âge de 45 ans. »
Karyn Ross montrant un portrait de son cousin Leister.

Des traces de drogues ont été trouvées dans son organisme, mais le médecin légiste du Victoria, John Olle, n'a pas pu déterminer la cause du décès. Il indique toutefois qu'il ne s'agit pas d'une mort suspecte. « Ne pas avoir de réponses à nos questions s'ajoute à notre douleur », témoigne Karyn Ross. 
 
S'il est impossible de savoir ce qui a entraîné la mort de Leister Ross, c'est à cause du « temps considérable qu'il a fallu pour que son corps soit découvert », estime Karyn Ross. Dans leur rapport, les autorités précisent que ce matin-là, l'appel des détenus n'avait pas été mené correctement, mais elles affirment que cela pas n'a eu d'incidence sur ces événements.
 
Après la découverte du corps, il a fallu encore de longues heures avant que la famille du défunt ne soit prévenue… par un autre prisonnier, et non pas par les autorités, dénonce Karyn Ross : « Personne ne s'est préoccupé de prévenir notre famille, il y a plein de gens qui ont appris sa mort avant nous. »
 
John Ross s'est rendu dans un commissariat pour avoir la confirmation de la mort de son fils, rapporte-t-elle. Un porte-parole du ministre local des Services correctionnels, Steve Herbert, indique que c'est la police qui est chargée d'informer les proches en cas de décès en détention. Il affirme que le ministère « travaille étroitement avec les organisations aborigènes de premier plan et avec des représentants de la communauté lorsqu'un Aborigène meurt en prison, pour que les proches aient le soutien dont ils ont besoin ».
 
Ce soutien aux familles et aux amis, c'était une recommandation de la commission royale d'enquête sur les morts d'Aborigènes en détention. Cela date de 1991 et les progrès se font attendre, souligne Karyn Ross : « Mon cousin avait 22 ans quand ces recommandations ont été rendues. Vingt-cinq ans plus tard, il meurt dans une cellule de la prison Port Phillip à Melbourne. Ça sert à quoi d'avoir une commission d'enquête ? »
 
Au début du mois, un autre homme aborigène est décédé en détention, dans le centre correctionnel Fulham, dans le Victoria. L'assistance juridique aborigène n'a été informée de ce décès que plusieurs jours plus tard.