L'Australie voit le bout du tunnel, et de l'attente. Le gouvernement Turnbull II devra s'atteler très vite à la tâche, et combler le déficit. Jeudi, Standard & Poor a annoncé qu'elle pourrait priver l'Australie de son triple A.
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Il obtiendra la majorité absolue et peut-être même un siége supplémentaire, c'est en tout cas le pronostic d'Anthony Green, notre consultant élections à ABC. Mais les résultats officiels ne sont toujours pas tombés. Samedi matin, environ 80% des bulletins avaient été dépouillés. C'est une opération très complexe parce que les bulletins eux-mêmes sont complexes. Pour la Chambre des Représentants, les Australiens doivent classer leurs 10 candidats par ordre de préférence, et il y a un système de report de voix.
En outre, il faut obligatoirement recompter s'il y a une marge de 100 sièges ou moins entre les deux premiers candidats. En attendant le verdict, Malcolm Turnbull a poursuivi sa tournée des indépendants. Jeudi, il a obtenu le soutien de Bob Katter, le gentleman farmer du Nord-Queensland. Vendredi, il était dans le Victoria, pour rencontrer une autre indépendante, Cathy Mc Gowan. Comme Bob Katter, elle a promis un soutien minimal aux Libéraux de Malcolm Turnbull. En clair: elle votera les lois qui permettent de débloquer de l'argent pour faire tourner la machine étatique, et elle voterait contre une motion de censure si l'opposition en déposait une. Un 3ème indépendant, le Tasmanien Andrew Wilkie, a fait la même promesse à Malcolm Turnbull.
Déficit: Standard & Poor met en garde le prochain gouvernement
Même si elle passe la barre de la majorité absolue sans l'aide des indépendants, la coalition libérale-nationale se retrouvera très diminuée au Parlement. Elle sort de ces élections avec environ une quinzaine de sièges en moins qu'avant, à la Chambre des Représentants. Malcolm Turnbull aura donc du mal à manoeuvrer le Parlement, à un moment crucial. Le déficit public des comptes courants se creuse et devrait atteindre 5% du PIB australien en 2016, d'après Standard&Poor. Jeudi, l'agence de notation, qui mesure la solvabilité des états et leur capacité à emprunter, a donc révisé le statut de l'Australie de « stable » à « négatif ». Un coup de semonce qui n'étonne pas les économistes.
« Pendant la campagne électorale, aucun des deux grands partis n'ont présenté un programme solide pour réduire le déficit budgétaire structurel de l'Australie, estime Paul Bloxham, l'économiste en chef de la banque HSBC en Australie. Et pour ne rien arranger, les résultats de cette élection sont tellement serrés qu'il est encore moins probable que la politique qui sera menée s'attaque au déficit budgétaire structurel. »
L'Australie conserve pour l'instant son triple A, mais c'est une mise en garde sérieuse de la part de Standard&Poor. Si l'île-continent rétrograde dans la catégorie double A, les bailleurs auront moins confiance dans sa solvabilité, et Canberra devra payer plus cher pour emprunter de l'argent.