600 mouchoirs blancs suspendus à des fils, sur la plage de Copacabana à Rio. Quelques drapeaux brésiliens ponctuent les lignes. Les militants de Rio da Paz ont voulu ainsi créer un mémorial, pour marquer le passage du cap de 600 000 morts du covid au Brésil, selon les chiffres fournis par l’université Johns Hopkins. L'ONG avait déjà organisé un évènement similaire en 2020, lorsque la barre des 40 000 décès avait été dépassée.
Au total, depuis le début de l’épidémie, le Brésil enregistre un taux de décès rapporté à l’ensemble de la population 1,6 fois plus élevé que celui de la France.
"Le discours de déni de nos principales autorités publiques"
Quelques banderoles questionnent sur les responsabilités : "Qui est responsable de cette tragédie ?", "Irresponsabilité" ou "Incompétence". Antonio Costa, le président de Rio da Paz, n’hésite pas à mettre en cause le président Jaïr Bolsonaro et les autorités de Brasilia.
"Le président a critiqué les normes sanitaires, contesté l'utilisation du masque, condamné la distanciation sociale. Il était contre la vaccination de masse. À cause de cela, nous avons ces chiffres amers. Des milliers de familles sont en deuil. Et un jour nous saurons combien de ceux qui sont morts ont perdu la vie parce qu'ils ont entendu le discours de déni de certaines de nos principales autorités publiques".
"La conscience de ceux qui auraient dû s'occuper de nous n'a pas du tout changé"
Marcio Antonio Nascimento, 57 ans, chauffeur de taxi partage ce sentiment de méfiance vis-à-vis des autorités. "Cela provoque beaucoup de tristesse. Parce que quand j'ai perdu mon fils, il y avait plus ou moins 7 500 personnes mortes du Covid, et c'était déjà un cap incroyable. Chaque personne est un cap incroyable. Et depuis, il semble que la conscience de ceux qui auraient dû s'occuper de nous n'a pas du tout changé".
La vaccination a évité un bilan encore plus désastreux
Le taux de vaccination atteint 45,3% sur l’ensemble de la population, contre 66,6% en France. Selon les experts, cela a évité un bilan encore plus désastreux. La vaccination qui progresse rapidement a effectivement ralenti l’épidémie. La semaine dernière, on enregistrait une moyenne de 451 morts par jour. Un nombre encore élevé mais en baisse : il dépassait les 2 000 en juin dernier, et les 1 000 en juillet.
Le Covid pourrait contribuer à faire battre Bolsonaro
Paradoxalement, la vaccination intensive est peut-être la seule éventuelle planche de salut de celui qui était sceptique sur son intérêt médical : Jaïr Bolsonaro. Sa gestion de la crise Covid pourrait en effet fortement contribuer à sa non réélection. Actuellement, des sondages ne lui donnent que 24% des voix contre 43% pour l’ancien chef de l’Etat de gauche, Lula, pour la présidentielle de l’an prochain.