Si les sommes inscrites aux trois chapitres du budget primitif 2022 de la Nouvelle-Calédonie (65, 9 milliards de budget de reversement, 115,9 milliards de budget de répartition et 82,5 milliards de budget propre) diffèrent peu de l’exercice 2021, rappelons que c’est l’Etat qui avait dressé un budget a minima, l’an dernier.
En 2022, certains attendaient des réajustements, une relance. Le gouvernement Mapou a choisi une autre trajectoire, celle d’une « année de transition ».
Un 2e emprunt garanti par l'Etat insuffisant ?
Les maître-mots de ce budget : maîtrise des dépenses et réduction de l’endettement, malgré un nouvel emprunt garanti par l’Etat de 20,8 milliards de francs. Mais l'opposition juge ce montant encore insuffisant. « En Polynésie, le président Fritch, qui est allé voir le Premier ministre, a signé un deuxième prêt de 300 millions d’euros [36 milliards de francs]», signale Philippe Blaise, du groupe Avenir en confiance. Le président Mapou, lui, préfère jouer la carte de la prudence et invite « déjà à faire la démonstration avec les 20 milliards » que l'Etat a accepté de garantir.
Des dotations en baisse pour les provinces et communes
Début d’un long dialogue de sourds entre les deux familles politiques. Les loyalistes contestent ces arbitrages, qui ont été opérés, disent-ils, « en dehors de toute collégialité par le gouvernement ».
Philippe Michel, de Calédonie ensemble, réprouve lui aussi le fait d'avoir choisi « de réserver la totalité de l’enveloppe du deuxième prêt de 21 milliards à la couverture des besoins de la Nouvelle-Calédonie, en excluant les provinces et les communes ».
C’est bien au niveau des dotations que le bât blesse. Elles sont en baisse de 4,2 milliards pour les provinces et de 770 millions pour les communes. Pour Philippe Blaise, il faut permettre à ces collectivités de « maintenir leurs capacités d’épargne et d’investissement ».
Une sortie théâtrale de l'hémicycle
Ajoutons à cela toute une série d’amendements présentés par l’ensemble des groupes loyalistes, mais rejetés par la majorité. « Vous balayez tout simplement d’un revers de la main tout ce qu’on dit. Là, vous avez utilisé une méthode, que je n’avais jamais vue, pour éliminer nos amendements, nous promettre des choses qui n’existaient pas », s'est insurgé Sonia Backès, du groupe Avenir en confiance.
"Absence de collégialité", "décisions arbitraires du gouvernement", simple affirmation d'une majorité derrière le président Mapou : autant de raisons, selon les loyalistes, pour justifier cette sortie théâtrale de l’hémicycle. En pleine crise économique et institutionnelle, la Nouvelle-Calédonie n’a pas les moyens de s’offrir une crise politique.
Décryptage de Bernard Lassauce et Nicolas Fasquel