Calédoclean en opération sauvegarde de la mangrove à Nouméa

Reportage de Laura Schintu et Héléna Kamberou. ©NC la 1ère
Les bénévoles de Calédoclean se réunissent cette semaine à Ouémo et Sainte-Marie pour une opération de déblaiement des veines d'eau de la mangrove. Les travaux devraient à terme redynamiser tout l'écosystème.

La mangrove de Ouémo, d'ordinaire plutôt silencieuse, résonne cette semaine au son inhabituel des tronçonneuses. Sous le couvert des palétuviers, l’équipe de Calédoclean déblaye les deux veines d’eau principales qui serpentent à travers le biome. Depuis le passage des cyclones Dona et Cook en 2017, beaucoup de bois morts entravent la circulation de l’eau. 

"Il faut travailler à marée basse, c'est plus facile car on voit mieux le fil d'eau", explique Dylan Laigle, l'un des membres de l'association. Objectif des bénévoles : libérer la mangrove de ses "embâcles", des barrages créés par l'accumulation de déchets naturels notamment.

"On trouve aussi pas mal de bouteilles en plastique, du polystyrène, des pneus. On a même trouvé un reste de lampadaire", ajoute Thibaut Bizien, le fondateur de Caledoclean. 

"Sur le cours d'eau qui arrive sur l'arroyo des tours de Magenta, on a vu des poissons morts et des anguilles, donc il faut aussi maîtriser les sources de pollution. L'idée, c'est de faciliter la circulation du cours d'eau pour éviter que ces pollutions se maintiennent", poursuit-il.

Le changement inévitable

Sans cette irrigation naturelle, tout l'écosystème se trouve en danger. La mangrove de Ouémo a ainsi perdu 10% de sa superficie et le chiffre pourrait tripler sur le moyen terme d'après les prévisions des spécialistes. Le déblaiement, vital, s'inscrit dans le cadre d'un projet global, porté à l'échelle du Pacifique et prônant l'adaptation face aux changements climatiques : "Pebacc+".

"Quels que soient nos efforts d'atténuation et de réduction d'émissions de gaz à effet de serre, le climat est en train de changer et il faut s'adapter de toute façon", assure François Tron, coordinateur de ce projet sur le territoire. "Nous voulons promouvoir les solutions fondées sur la nature pour s'adapter au changement. Ici, ça passe par restaurer la mangrove pour renforcer son rôle de filtre à polluants et ainsi protéger les récifs coralliens en aval", poursuit-il.

Au total, il faudra environ une semaine pour déblayer l’ensemble des veines d’eau de la mangrove de Ouémo. Une opération similaire est prévue ultérieurement, dans la mangrove de La Coulée.