Calédoniens ailleurs : Anouck Faure se nourrit de son pays pour créer

Calédoniens ailleurs : Anouck Faure se nourrit de son pays
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Études, recherche d’emploi, envie d’ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l’aventure ailleurs ? Cette semaine, Anouck Faure, artiste graveuse et illustratrice.
 
Qu’elle dessine, grave ou griffonne, sous les doigts d’Anouck, c’est la Nouvelle-Calédonie qui prend vie. La jeune plasticienne se nourrit de sa terre natale pour créer. Une manière également pour elle de garder le lien avec son Caillou.

« Je gribouillais partout. J’étais la hantise de mes enseignants. » Dès l’enfance, la Calédonienne se prend de passion pour le dessin. De son imagination débordante, celle qui est fascinée par les contes et la fantaisie, crayonne les histoires qu’elle a dans sa tête.  « Assez solitaire dans sa démarche », elle apprend essentiellement seule les techniques du dessin même si au collège, l’artiste en herbe prend des cours avec Jilème, le fameux dessinateur de BD. Pourtant, au lycée, cette férue de langues et de littérature choisit de faire un bac L option latin. « Le dessin restait quelque chose d’assez personnel, je n’avais pas envie d’en faire mon métier à ce moment-là. C’est venu assez tardivement. » Son bac en poche, Anouck s’inscrit à l’Institut des Langues Orientales (INALCO) à Paris pour faire une licence de langues slaves. « Pour moi qui suis née en Nouvelle-Calédonie, le slave était l’antithèse de tout ce que je pouvais imaginer, le truc le plus exotique. » L’étudiante se spécialise dans le slovène et part en Erasmus à Ljubljana (la capitale de la Slovénie ndlr). Si l’idée de devenir traductrice la séduit un temps, elle n’envisage finalement pas d’en faire son métier. Diplômée en 2011, la Calédonienne décide de revenir à son premier amour, le dessin. « Ça m’a pris du temps mais pour moi, être dans l’art demandait une certaine maturité. »  
 
passionnée de dessin, Anouck fait carrière dans l’illustration

Anouck obtient ainsi un bachelor puis un mastère à l’Ecole de Condé. Si elle se spécialise dans l’illustration, la Nouméenne a un coup de cœur pour la gravure. « J’ai toujours aimé travailler la ligne, le trait. Et la gravure permet cette finesse, ce détail. » Son stage aux ateliers Moret  (un des derniers ateliers d’imprimeurs de gravure à Paris) où elle découvre la gravure sur cuivre la convainc de continuer dans cette voie. Diplômée en 2015, la jeune femme décide de jouer sur les deux tableaux, l’illustration et la gravure. Elle organise des expositions, se fabrique un réseau, répond à des commandes. Surtout, par son travail, elle contribue à faire connaître son Caillou. Inspirée par les paysages de son archipel, Anouck aime « faire ressentir l’aspect sacré de la nature » dans ses dessins. Tournée vers le Pacifique, elle étudie en 2015 à l’INALCO le drehu et le tahitien. « C’était important pour moi de renouer avec le Pacifique. Cela permet de comprendre la culture intrinsèquement. »
 
La Calédonienne fait vivre les paysages d’Océanie à travers ses gravures

Son talent fait mouche. Après une résidence en Auvergne et une grande exposition en banlieue parisienne, l’artiste a deux autres expositions à venir au printemps. Celle qui aimerait collaborer avec des artistes kanak projette également d’illustrer un livre sur les mythes tahitiens autour de la création. Son art et son amour pour son pays ouvrent à Anouck de nouveaux engagements. « Si j’obtiens plus de visibilité, j’aimerais véhiculer un message plus écologique via mon art notamment concernant la protection des océans. » 
 
en résidence en Auvergne, Anouck contribue à faire connaître son art

par ambre@lefeivre.com