Calédoniens ailleurs : Donatien Rouillard, en route pour faire bouger la jeunesse du pays

Calédoniens ailleurs : Donatien Rouillard, en route pour faire bouger la jeunesse du pays
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Etudes, recherche d’emploi, envie d’ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l’aventure ailleurs ? Cette semaine, Donatien Rouillard, étudiant en danse.
Au sens propre comme au sens figuré, Donatien est déterminé à faire bouger la jeunesse du pays. Étudiant en danse, il rêve de s’impliquer dans des projets qui aideraient les jeunes à s’en sortir.

Originaire de Lifou par sa mère et de Guadeloupe par son père, c’est sur le tard que le Calédonien découvre la danse. Adolescent introverti, il choisit le hip-hop, un moyen « de s’ouvrir aux autres » et « de prendre confiance en lui ». Et déjà, le métis Kanak constate que l’art favorise le lien social. Au lycée des îles à Lifou, celui que l’on surnomme Dosh se consacre pleinement à la danse. S’il choisit la branche S, c’est uniquement parce que la classe propose des horaires aménagés pour danser. En terminale, Donatien décide de ne pas passer son bac, porté par d’autres projets. « L’infographie me branchait. » Il tente d’intégrer l’école de multimédias de Koné mais celle-ci est réservée aux élèves de Province nord.
 
Donatien a débuté par le hip hop

S’ouvre alors une période où le jeune homme se cherche. Le Calédonien envisage même de s’engager dans l’armée avant d’enchaîner les petits boulots comme intérimaire. En parallèle, la danse prend de plus en plus de place dans sa vie. Avec son groupe « 19 Impact », celui qui a grandi entre Ducos et Lifou multiplie les représentations dans les quartiers et même jusqu’en Nouvelle-Zélande et à Fidji. Au bout de deux ans, le métis Kanak fait le bilan de ces années post lycée. C’est là que l’idée de devenir danseur professionnel s’impose. « J’ai pris le temps de me poser les bonnes questions. J’étais doué pour la danse, j’aimais ça, pourquoi ne pas en faire mon métier ? » Donatien décide de se donner les moyens de mener à bien son projet. En compagnie de son ami Maky, lui aussi danseur en devenir, le jeune homme fait des recherches sur les formations proposées avant d’arrêter son choix sur la Manufacture d’Aurillac. Cette école propose un diplôme d’Etat de professeur de danse et chorégraphe interprète. Retenu après avoir passé des auditions vidéo, le Calédonien part avec une idée bien en tête : revenir au pays avec quelque chose à transmettre, à donner. « Ma motivation est de montrer la voie aux jeunes talents qui se cherchent, qui ne savent pas comment se valoriser. »
 
Le Calédonien fait une école de danse à Aurillac

Après l’obtention d’une bourse étudiant artistique de la province Sud, Donatien s’installe dans le sud de la France en août 2016. Le rythme intense et les compétences techniques demandées – « en année de prépa, j’ai découvert pour la première fois la barre au sol, la danse contemporaine… » - ne l’effraient pas. Il redouble d’efforts tout en continuant de faire du hip-hop. « J’ai participé à plusieurs événements urbains. Un bon moyen de t’enrichir, de t’ouvrir à de nouveaux univers. » En deuxième année actuellement, l’étudiant cherche à acquérir de l’expérience. Une fois diplômé, Donatien aimerait travailler en compagnie, « devenir autonome » avant de rentrer en Nouvelle-Calédonie. Là-bas, l’artiste en devenir souhaite avoir cette double casquette de chorégraphe et de professeur de danse. Surtout, il espère avoir un rôle à jouer auprès des jeunes du pays. « Je pense que l’art permet aux jeunes de s’émanciper, de se mobiliser, de s’en sortir. »

par ambre@lefeivre.com