Calédoniens ailleurs : Wakoca Philippe Yeiwene, avoir toujours une longueur d’avance

Calédoniens ailleurs : Wakoca Philippe Yeiwene, avoir toujours une longueur d’avance
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Études, recherche d’emploi, envie d’ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l’aventure ailleurs ? Cette semaine, Wakoca Philippe Yeiwene, étudiant en management.
 
« Apprendre à bien penser, c’est d’abord apprendre à bien observer pour mieux comprendre la vie. »
Telle est la philosophie de vie de Wakoca. Technicien devenu enseignant devenu ingénieur, le Calédonien ne cesse de s’instruire. Car pour lui, plus l’on sait, plus l’on va loin, plus l’on peut participer au développement de son pays.

Cartésien, scientifique dans l’âme, Philippe obtient un bac S option SVT à la deuxième tentative. Ce premier essai avorté lui permet toutefois de compter sur des points forts qui l’accompagneront durant toute sa scolarité : une motivation inébranlable et un soutien familial indéfectible. Il se dirige ensuite vers un DEUST métallurgie et génie des procédés« Je voulais un métier qui ait des débouchés professionnels dans la mine. J’étais content de ce choix car j’étais au cœur de la première richesse du pays. »  Diplômé et après une expérience professionnelle dans un laboratoire à Vale Inco, il s’envole pour la première fois pour la métropole effectuer une licence pro ingénierie des procédés pour la chimie et l’environnement à Toulouse. Sa licence obtenue, il rentre en Nouvelle-Calédonie. « Je vous voulais travailler pour voir ce que m’apportait mon diplôme. » Il trouve tout de suite du travail au bureau d’étude A2EP (Agence pour l’eau et l’environnement du Pacifique) en tant que technicien hydrogéologue. Mais son jeune âge – 23 ans à l’époque – le pousse vers de nouveaux horizons. Il se tourne vers l’enseignement à Maré. « Je voulais partager tout ce que j’ai appris pendant mes études et stages avec les enfants de mon île. »  
 
Le Kanak a souhaité se consacrer l'éducation pendant sa carrière

En 2013, il est maître auxiliaire en technologie au collège de Taremen. En 2014, il devient maître auxiliaire en physique-chimie au collège de La Roche. Impliqué, Wakoca est notamment à l’initiative de l’organisation de la fête de la science de la province des Îles. Ce détour professoral est plus que bénéfique pour le Kanak. « J’ai appris l’autonomie, la rigueur et la pédagogie. » Incité à passer le Cafep, le jeune homme préfère là encore aller plus loin. « J’ai toujours envie d’apprendre. Je voulais découvrir d’autres choses. »Il devient alors responsable analyse process du laboratoire central du groupe Nickel Mining Company (NMC) rattaché à la SMSP. Une expérience enrichissante – « on est un peu l’œil des géologues »- mais qui bientôt ne suffit plus à Philippe. « J’avais toujours cette volonté d’apprendre plus. J’étais agent de maîtrise et je voulais changer de grade. Je voulais aussi connaître d’autres techniques d’analyses. » Wakoca prend alors un congé individuel de formation en septembre 2017 et s’installe avec sa famille à Dijon – grâce au concours de Cadres Avenir-  pour effectuer un master en sciences chimiques pour le développement durable spécialité contrôle analyse chimique.
 
En Stage pour le Master 2 avec l'équipe élementaire dirigé par Madame Sylvie BARRAULT

L’étudiant voit plus loin qu’une simple formation technique. « Cette formation permet d’avoir une vision plus large dans la manière d’organiser la société pour nous permettre d’exister sur le long terme. Cela prend en compte à la fois les impératifs présents mais aussi ceux du futur, comme la préservation de l’environnement et des ressources naturelles de notre pays. » Lors de ses stages, il se frotte notamment aux impératifs d’accréditation de l’Etat français et endosse d’importantes responsabilités. Une expérience qui le convainc de se former dans un tout autre domaine. Titulaire de son master 2 en septembre 2019, il a commencé ce lundi 23 septembre, un master 2 en management et administration des entreprises« Cette formation va me permettre d’avoir une vision globale du management et de la conduite des affaires, elle vient compléter ma formation d'origine. » Toujours aussi motivé, le Calédonien espère rentrer au pays et décrocher un poste de cadre à la NMC avant de, pourquoi pas, faire une thèse en entreprise. D’où lui vient cette soif d’apprendre ? Pourquoi toujours aller plus loin ? « La connaissance, c’est une plus-value pour construire notre pays. J’ai foi en ce que la Nouvelle-Calédonie devienne un grand pays. Le combat des anciens se joue maintenant sur l’éducation et la connaissance. » 
 
Le Calédonien vient de débuter un master 2 en management et administration des entreprises

par ambre@lefeivre.com