Cancer et sécurité dans la zone indo-pacifique : les dernières initiatives de l’ère Biden au Quad

De gauche à droite : le Premier ministre australien Anthony Albanese, le Premier ministre indien Narendra Modi, le président américain Joe Biden et le Premier ministre japonais Fumio Kishida.
Dernier sommet du Quad pour Joe Biden aux Etats-Unis. Depuis 2004, l'organisation qui regroupe quatre grands pays de l’indo-pacifique, dont les USA, s’est étoffée, en particulier avec l'actuel président américain. En témoignent encore les nouvelles annonces livrées à l'issue de cette réunion.

Il y aura un avant et un après Joe Biden pour le Quad, le dialogue quadrilatéral pour la sécurité. En quatre ans, le groupe qui réunit les Etats-Unis, l'Inde, le Japon et l'Australie, pour faire face à la puissance chinoise croissante, a resserré ses liens et en a tissé d'autres dans toute la zone indo-pacifique. Ils vont maintenant au-delà des ententes stratégiques et militaires.

Avec, par exemple, la toute récente annonce d'une initiative commune dans le domaine de la santé. Le président américain l’a évoquée lors de ce dernier sommet à Claymont et à Wilmington dans le Delaware : "Chaque année, 150 000 femmes meurent du cancer du col de l'utérus dans la zone indo-pacifique. Chaque année ! C'est plus du double de la population de cette ville (Wilmington, Delaware). Nous ne pouvons pas et ne laisserons pas cela continuer ! (...) En pratique, l'initiative du Quad contre le cancer signifie plus de collaboration entre nos hôpitaux, centres de recherche et fondations contre le cancer."

Partage de technologies maritimes

La défense et la sécurité n’ont pas été oubliées, avec là encore de nouvelles coopérations : "Aujourd'hui, nous annonçons une série d'initiatives pour fournir de vrais résultats positifs pour la zone indo-pacifique. Cela comprend le fait de livrer de nouvelles technologies maritimes à nos partenaires régionaux, afin qu'ils sachent ce qui se passe dans leurs eaux [territoriales], de lancer pour la première fois une coopération entre nos garde-côtes."

Le micro laissé ouvert du chef d'état américain durant la réunion a trahi ses sentiments vis-à-vis de Pékin, après une série d’incidents dans la région : "Nous pensons que [le président chinois] Xi Jinping cherche à se concentrer sur les défis économiques intérieurs afin de minimiser les turbulences dans les relations diplomatiques avec la Chine. Il cherche également à se ménager un certain espace diplomatique, à mon avis, pour poursuivre de manière agressive dans le sens des intérêts de la Chine. La Chine continue à se comporter de manière agressive en nous testant dans toute la région. C'est vrai en mer de Chine méridionale, en mer de Chine orientale, en Chine méridionale, en Asie du Sud et dans le détroit de Taïwan. C'est vrai dans l'ensemble de nos relations, y compris sur les questions économiques et technologiques. En même temps, nous pensons qu'une concurrence intense exige une diplomatie intense."

Je me suis entretenu avec le président Xi en avril. Mon conseiller à la sécurité nationale s'est récemment rendu à Pékin, et nous considérons que cet engagement est important pour la prévention des conflits et la gestion des crises dans le cadre de notre concurrence stratégique.

Joe Biden, président des Etats-Unis

 

Travailler ensemble

Des préoccupations partagées par ses interlocuteurs, en particulier par Fumio Kishida, le premier ministre japonais. "L'environnement sécuritaire qui nous entoure est de plus en plus précaire, et l'ordre international libre et ouvert fondé sur des règles est menacé." Narendra Modi, le premier ministre indien, élargit même la vision et souligne le rôle du Quad : "Chers amis, nous nous réunissons à un moment où le monde est rongé par les conflits et les tensions. Et à un tel moment, il est important pour toute l'humanité que les membres du Quad aillent de l'avant en se fondant sur les valeurs démocratiques partagées."

Un enjeu pour le Quad que confirme Anthony Albanese, le premier ministre Australien. "Nous sommes toujours mieux positionnés quand des pays proches et nos quatre grandes démocraties travaillent ensemble. Tout cela, les promesses de cette région, dépend d'une paix et d’une stabilité durables et d'une gestion sage de la concurrence et des disputes stratégiques."

Et après Biden ?

Il reste une question après ce sommet : le Quad poursuivra-t-il sur la voie de la création d’une réelle entité politique solidaire, comme beaucoup le souhaitent dans la zone indo-pacifique ? Cela dépendra en grande partie du futur locataire de la Maison Blanche, et de sa vision de l’héritage de Joe Biden. 

Pour ce qui est de l’imprévisible Donald Trump, on peut penser que son hostilité à Pékin le pousserait à renforcer le Quad, mais que son isolationnisme l’attirerait en sens contraire. Quant à Kamala Harris, elle devrait plutôt rester dans la lancée du président sortant. Celui-ci souhaitait faire de l’organisation un format "incontournable pour des années".