Cancers, IST : l'importance du dépistage en Calédonie

Pilule, stérilet, préservatif ou implants : tout un panel de moyens pour éviter les grossesses indésirables et les maladies sexuellement transmissibles.
Le baromètre santé 2022 nous apprend que 22 % des personnes interrogées n’utilisent jamais de préservatif, et que 12 % le font occasionnellement. Alors que le taux de dépistage est très faible, cela signifie que les infections sexuellement transmissibles se diffusent facilement en Nouvelle-Calédonie. Quant aux cancers féminins, là encore la moitié des Calédoniennes ne réalise pas de contrôles réguliers.

Parmi les Calédoniens qui ont répondu au questionnaire dans le cadre de l’enquête de terrain du baromètre santé adulte 2022, 2 % ont déclaré avoir eu un diagnostic d’IST au cours des 12 derniers mois. Et pour quatre de ces personnes sur dix, il a eu lieu alors qu’elles avaient déjà développé des symptômes: les maladies étaient donc installées et auraient pu entraîner des complications.

Il n'y a pas assez de dépistages réalisés en Nouvelle-Calédonie parce qu'en fait, beaucoup de professionnels oublient de le proposer; je mélange à la fois les généralistes et les spécialistes, j'y ajoute aussi les sages-femmes.

Docteur Isabelle Monchotte, généraliste et sexologue

D'après elle, il existe des études, notamment en sexologie, qui indiquent que dans le cas où le professionnel de santé n'aborde pas le sujet, le patient se dit que ce n'est pas important.

Oser le dépistage 

Les taux de chlamydia, gonocoque et syphilis enregistrés en Calédonie sont largement supérieurs à ceux de l’Hexagone. Ces maladies sexuellement transmissibles progressent souvent silencieusement. Il faut donc "prendre les devants" explique Pauline Syemons, la directrice opérationnelle du comité pour la promotion de la santé sexuelle. "Si on a eu un rapport à risques, si on se dit qu'on n'a jamais vérifié, c'est le moment d'aller se faire dépister, pour savoir si on a une IST ou pas et peut-être qu'on continue de la transmettre alors que pour la plupart elle se soigne très facilement."

Un traitement est systématiquement proposé dès lors qu'une IST est détectée. Depuis plusieurs années, les associations demandent aux acteurs de la santé sexuelle de travailler à une stratégie commune de lutte contre les IST. Les enquêtes épidémiologiques restent rares ou confidentielles sur le sujet.

Frottis : un acte méconnu mais essentiel

Le baromètre santé révèle également qu'une femme sur trois ne suit pas non plus les recommandations, en matière de frottis vaginal. Et ce, souvent par méconnaissance. Il est souvent confondu avec un prélèvement vaginal. 

Souvent, les femmes ignorent à quoi ça sert. C'est quand même un dépistage du cancer.

Pauline Syemons, directrice opérationnelle du CP2S

Un frottis doit être généralement réalisé tous les trois ans. "On a quand même la chance en Calédonie, que la CAFAT envoie à toutes les femmes, un bon pour leur rappeler qu'il faut faire le dépistage. C'est un domaine un peu oublié, car chez la femme, le cancer du col de l'utérus est silencieux pendant des années et quand ça commence à faire des sensations au niveau du ventre, voir un saignement ça veut dire qu'il est quand même bien évolué" conclut-elle.

Le frottis permet en effet d'atteindre des lésions extrêmement petites du col, qui vont pouvoir être traitées au laser ou à la petite chirurgie. Grâce à un dépistage précoce, on peut guérir du cancer du col de l'utérus.

Concernant la mammographie, elle est conseillée tous les deux ans pour les femmes de 50 à 74 ans. Et même avant 50 ans en cas d’antécédents familiaux.