Cinq points à retenir de la déclaration solennelle de Louis Mapou

Le président du gouvernement Louis Mapou lors de sa déclaration solennelle le 8 juin 2024
Dans un long discours retransmis en direct sur NC la 1ère, le président du gouvernement a appelé la population à l'apaisement et à la responsabilité, plus de trois semaines après le début des émeutes en Nouvelle-Calédonie.

L'exercice était attendu et scruté par beaucoup de Calédoniens. Le président de l'exécutif local, visiblement ému, s'est livré à une déclaration solennelle sur l'état du territoire, trois semaines et demi après le début des émeutes. Une allocution de 26 minutes articulée autour d'un appel à l'apaisement et aux responsabilités de chacun. Que faut-il en retenir ?

L'annonce d'un huitième décès

En guise d'entame, Louis Mapou a d'abord eu un mot pour les "familles endeuillées" depuis le début de la crise, celles des civils, des gendarmes également sans oublier "les nombreux décès survenus pendant cette crise faute d'avoir pu accéder aux soins vitaux".

Le président a confirmé par la même occasion une information, celle du décès d'une huitième personne par balle depuis le 13 mai. "Je voudrais redire ma tristesse pour ce jeune de Païta qui vient de nous quitter au Médipôle ce matin, et dont je connais les parents qui sont issus de la grande chefferie de Païta", a-t-il confié.

D'après nos informations, il s'agit de l'une des deux personnes blessées lundi à Païta. Le communiqué du procureur de la République Yves Dupas précise que l'homme est mort ce vendredi soir.

Des critiques aux deux bords

Le président a continué par un message critique en direction des deux camps politiques, s'adressant d'abord aux indépendantistes, qui "font preuve d'une gestion trop mesurée de ces évènements puisque très peu ont pris position.

"Je ne veux pas croire un seul instant que l’émancipation à laquelle nous travaillons depuis tant d’années se construise sur la destruction de ce que nous avons déjà réussi à réaliser", a souligné le cadre de l'UNI, pointant "un énorme gâchis collectif qui nous rend triste".

Avant de conclure par une demande claire : celle de "s'engager à travailler auprès des CCAT, qui sont leur émanation dans ces évènements, et auprès de la jeunesse en faveur d'une désescalade pour rétablir la situation".

Critique envers son propre camp, Louis Mapou ne l'a pas moins été avec les non-indépendantistes, fustigeant les Loyalistes et le Rassemblement : "Ils continuent d’exceller dans une surenchère permanente, dans les discours et des actions, qui nourrissent le climat de violence existant".

"Sans aucun doute, c’est dans le portage politique collectif des affaires du pays que se trouve une part importante de la responsabilité à assumer", a-t-il conclu, appelant les personnalités politiques à "s'engager résolument dans des discussions approfondies sur l'avenir et sortir des stratagèmes à visée électorale de court terme."

La loi constitutionnelle dans le viseur

Autre élément responsable de la crise selon Louis Mapou : la loi constitutionnelle visant à dégeler le corps électoral. Elle "a rouvert une plaie que nous avons mis du temps à panser et à cicatriser", a déclaré l'élu, faisant un rapprochement avec "les mêmes décisions unilatérales prises pour le statut Lemoine en 1984 et le statut Pons en 1987".

Tout en appelant Emmanuel Macron à "expliciter avec plus de clarté ses intentions en faveur d'un retrait de ce projet de loi pour lui substituer une loi relative à un accord sur un projet politique concernant le futur du pays", l'ancien conseiller municipal de Païta a estimé que l'actuel texte ne pouvait, quoi qu'il arrive, pas "perdurer".

Le récent déplacement du chef de l'Etat, et l'affirmation selon laquelle il n'y aurait pas de passage en force "ont sonné son glas et son lent abandon". "Au vu de l'écho que ces évènements ont reçu (...) il est difficilement imaginable que le président de la République veuille encore présenter ce projet de loi constitutionnelle", a-t-il indiqué.

L'appel à lever les barrages

"C'est pour cela que j'appelle les responsables du CCAT, ses relais locaux et la jeunesse du pays à lever les barrages, les blocages, et à cesser toutes les exactions", a lancé Louis Mapou, estimant néanmoins que "leur mobilisation a contribué à la prise de conscience de l'acuité des problèmes de société et de la nécessaire attention qu'ils exigent".

Un appel à lever les barrages renouvelé quelques minutes plus tard, au vu notamment des difficultés d'approvisionnement, d'accès aux soins et à l'éducation. "C’est le même appel que j’ai fait aux présidents du Sénat coutumier et des huit conseils coutumiers", a précisé le représentant de l'exécutif local.

Le souhait d'un soutien plus fort de l'Etat

Dernier axe majeur de l'allocution : la demande d'une aide bien plus importante de la part de l'Etat. Les mesures annoncées il y a quelques jours par Bercy ne participeront "qu'au financement de la moitié seulement des besoins. Cela est bien sûr largement insuffisant compte tenu de la situation financière de la Nouvelle-Calédonie".

"J'ai écrit au président pour demander que le soutien de l'Etat garantisse le financement de besoins pour trois mois, en attendant que l'on définisse avec plus de précision le plan de reconstruction", a indiqué Louis Mapou qui s'est livré à une autre annonce dans la foulée.

Le dirigeant a "réuni les diplomates des pays amis pour évoquer avec eux la situation" et solliciter "un soutien à la reconstruction". L'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Vanuatu, le Japon, l'Indonésie, les pays de la Communauté du Pacifique et de l'Union européenne ont notamment été cités. Louis Mapou en a également profité pour remercier Wallis-et-Futuna, "pour l'effort exceptionnel de 20 millions de francs qu'il a octroyé en solidarité avec la Nouvelle-Calédonie".

Retrouvez via ce lien l'allocution complète diffusée ce samedi 8 juin sur NC la 1ère.