Comment va l'eau en Nouvelle-Calédonie?

Ce 22 mars est décrété "Journée Mondiale de l'EAU". L'occasion de s'interroger sur la précieuse ressource. La Nouvelle-Calédonie est-elle bien approvisonnée?
Les pluies de ses dernières semaines sont-elles determinantes pour les réserves d'eau? 

Il faut d’abord écarter les idées reçues et faire table rase des raccourcis qui établissent une comparaison avec la situation des grandes nappes continentales en métropole et dans toute l’Europe.

La Nouvelle-Calédonie ne capitalise pas son eau dans des nappes phréatiques qui se vident et se rechargent sur des périodes de plusieurs années. Ce modèle est valide pour les vallées du Rhin ou du Rhône, par sur le Caillou.
Sur la grande terre c’est en mois que l’on compte. Plus précisément de 3 à 6 mois.

Geoffroy Wotling, Chef du service de l'eau à la Direction des Affaires Vétérinaires, Alimentaires et Rurales (la DAVAR)  le résume bien :"Une goutte d’eau de pluie tombée sur un sommet met, en moyenne, deux à trois mois pour rejoindre le lagon, toute l’eau contenue dans les massifs met 6 mois maximum"

Pluies récentes

Pas de nappes importantes, pas de réservoirs tampons alors les pluies tombées ces dernières semaines sont elles primordiales avant la saison sèche ?
 La réponse est non. C’est à la saison fraiche que se jouent les éventuelles sécheresses. Les pluies tombées en juillet /aout vont influencer sensiblement la période sèche.
C’est cette pluie qui va conditionner l’étiage des cours d’eau  jusqu’au mois de novembre.

Nous verrons plus tard que les îles Loyauté sont soumises à un régime différent, mais globalement en Nouvelle Calédonie il y a peu d'éxploitation directe des eaux souterraines.
A 80% les captages sont réalisés en surface.

Deux grandes catégories de Nappes :

1)      Les nappes alluviales, dans les basses-plaines de dimensions et de capacités relativement réduites, qui sont plus souvent alimentées par les cours cours d'eau que l'inverse. Exploitées principalement pour l’agriculture de la côte ouest, à proximité de la côte. Les besoins en eau potable sont occasionnellement renforcés par des forages à proximité des cours d’eau.

2)      Les nappes perchées. Comme leur nom l’indique on les trouve dans les massifs et vallées de montagne. Elles constituent l'essentiel des réservoirs naturels d'eau douce. Leurs eaux traversent les différentes couches minérales avant d’être captée à la manière des eaux de sources. C’est principlament cette eau qui vient jusqu’aux robinets de nos habitations. C’est elle aussi qui alimente les rivières de Nouvelle-Calédonie. La montagne joue alors un rôle de filtration et les roches altérées se comportent comme des réservoirs. Des réserves d’eau dont la durée de vie moyenne n’excède donc pas 3 à 6 mois.

Assez d'eau?

Sur la grande terre il tombe en moyenne 1800 mm de pluie chaque année. C’est largement suffisant pour couvrir les besoins.
C’est au dessus des moyennes mondiales et c’est bien plus qu’en Australie où les périodes de sécheresses sont guettées avec beaucoup d’inquiétude.

20 mm de pluie tombée et la ressource hydrique retrouve rapidement un niveau normal. On parle d’une dynamique hydrologique très rapide.

Les périodes de sécheresse ne s’accumulent pas d’année en année, il n’y a généralement pas de stress hydrique en saison dite humide.
Cela n’empêche pas la végétation, et le bétail d’être stressés par des sécheresses successives.

Loyauté

Dans les îles la situation est différente et encore plus favorable. Le climat, associé au calcaire de corail offrent de très bonnes capacité en eau. Le sous sol est un véritable gruyère.
La ressource est exclusivement souterraine, grâce aux rivières invisibles qui parcourent la roche calcique.

Pour Geoffroy Wotling « les nappes y sont très importantes et couvrent au-delà des besoins. C’est d’avantage les pollutions qui sont à craindre qu’un amoindrissement de la ressource ».

On l’a vu, il y a quelques jours à Maré, les problèmes de pollution peuvent rapidement poser des problèmes. Cela tient au peu de pente et à la filtration très rapide. Les pollutions peuvent atteindre la nappe très rapidement.

Conclusion

En résumé les besoins en eau potable des calédoniens sont très largement couverts. Le grand tuyau vers Nouméa permet d’envisager l’avenir avec un certain optimisme. Rassurant pour ceux qui se souviennent des sécheresses de 1993 et 1995. Dans la zone VKP, la Province Nord envisage la construction d’un barrage pour pérenniser l’alimentation en eau. Des projets de retenues agricoles sontégalement dans les cartons sur la côte ouest.
 
 

 
 
 
 
 
Faut-il avoir peur du changement climatique?
Comme le souligne Geoffroy Wotling :
« si les prévisions des climatologues et spécialistes du changement climatique sont avérés, cela serait critique pour la Nouvelle-Calédonie ». 
Les contrastes sont déjà forts en Nouvelle-Calédonie entre la saison sèche et la saison des pluies, entre la côte est et la côte ouest. En l'absence de réservoir majeur, on présent bien que l'hypothèse d'un accroissement des extrêmes climatiques auraient un effet immédiat sur la ressource.

Pour Geoffroy Wotling: " La ressource en eau de la Nouvelle-Calédonie est trés fortement et directement tributaire du climat à court terme. Les effets sont perceptibles en quelques heures, en quelques mois".

Les spécialistes prédisent jusqu’à 10 à 100 fois plus de pluie en période humide et 10 à 100 fois moins en période sèche.
La rapidité avec laquelle l’eau passe de  la montagne au lagon et l’absence de réserves sur la grande terre font craindre des étés catastrophiquement secs.

Pour aller plus loin : voir le site de la DAVAR