Des coraux calédoniens résistants aux changements climatiques

Couverture corallienne sous les palétuviers
Alors que la COP 23 présidée par les Fidji entre dans sa phase "politique", dans la mise en oeuvre de l'Accord de Paris, l'IRD associé à des chercheurs australiens ont découvert, cette année, des "supers coraux", capables de résister aux effets du changement climatique.


Des scientifiques étudient la capacité des coraux de "Bouraké"- sur la commune de Bouloupari - à faire face à une situation difficile ou génératrice de stress causé par les changements climatiques.
Ils ont découvert, à Bouraké, un véritable laboratoire naturel permettant d’étudier des coraux constructeurs de récifs, déjà adaptés à des conditions environnementales extrêmes (proches de celles prévues d’ici la fin du siècle).

Le biologiste marin, Riccardo Rodolfo-Metalpa était l'invité de la matinale Radio de ce jeudi 16 novembre. Il répondait aux questions de Thierry Belmont et Bruno Rouvière.
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Le long des côtes de Nouvelle-Calédonie, ces mangroves ont fourni une vitrine exceptionnelle permettant de mettre en évidence comment certains coraux pourraient être capables de s’adapter à l’environnement hostile prévu pour la fin du siècle.
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L'équipe franco-australienne est composée de scientifiques :
  • de l’IRD Nouméa (UMR ENTROPIE) et
  • de l’University of Technology of Sydney(UTS),
Elle a ainsi mené trois missions en 2016, identifiant des communautés coralliennes très diversifiées dans ces eaux entourant la mangrove, même si elles sont particulièrement acides, chaudes et dépourvues en oxygène.
Depuis, mercredi, l'IRD organise un atelier sur les coraux en conditions extrêmes proches des prévisions du changement climatique.
Au cours de ces deux jours d'atelier, les résultats de ces derniers mois ont été présentés.
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L'absence de décideurs a été remarquée. Une déception pour ces scientifiques.


Une solution miracle contre le  blanchissement des coraux


Cette étude, publiée dans la revue Nature Scientific Reports, démontre que certains coraux constructeurs de récifs, bien que vivant aux limites de leurs capacités physiologiques, seraient capables de s’adapter et de se développer dans des environnements extrêmes.

Ces résultats suggèrent même que ces zones pourraient servir de « réservoirs » de coraux particulièrement robustes et résilients.

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Les chercheurs de cette étude ont bien conscience que leurs conclusions pourraient apparaître comme une solution miracle pour les récifs.
Ainsi tiennent-ils à indiquer : « Bien que nos conclusions soient extrêmement positives, nous ne devons pas sous-estimer la menace que représente les changements climatiques pour les coraux.
Nous avons bien conscience que les coraux, au niveau mondial, sont condamnés et indiscutablement, des mesures immédiates sont à prendre pour assurer leur pérennité
».


Paroles de scientifiques

L’un des principaux auteurs de cette étude, le Dr Emma Camp (UTS) explique que « ce système de mangroves à Bouraké représente un laboratoire naturel, qui, comme par exemple les sites où il y a des émissions naturelles de CO2, donne un aperçu de l’avenir des récifs coralliens ».

" La présence de coraux vivant dans ces conditions (...) pires que celles prévues d’ici 2100, nous donne l’espoir que certains coraux pourraient (...) constituer les ‘super coraux’ de demain."


Le principal investigateur Riccardo Rodolfo-Metalpa, qui dirige l’équipe de l’IRD sur ce sujet, a observé plus d’une vingtaine d’espèces de coraux constructeurs de récifs dans cet environnement hostile :
« Cela nous apporte des connaissances essentielles sur la façon dont les coraux peuvent ajuster leur métabolisme pour continuer à grandir dans les conditions prévues d’ici la fin du siècle. La présence de coraux vivant dans ces conditions environnementales, comparables et même pires que celles prévues d’ici 2100, nous donne l’espoir que certains coraux pourraient être capables de persister dans le futur et constituer les ‘super coraux’ de demain ».

"Nous nous efforçons de déterminer le matériel génétique que ces espèces ont acquis pour leur permettre de survivre dans de telles conditions."


Le Pr David Suggett, co-auteur de cette étude a également ajouté :
« Ce qui est incroyable c’est que nous observons ici, dans ces mangroves, des espèces coralliennes qui ont été parmi les premières à succomber lors de l’épisode de blanchissement massif de 2016, qui a largement décimé les récifs mondiaux. Nous nous efforçons de déterminer le matériel génétique que ces espèces ont acquis pour leur permettre de survivre dans de telles conditions ».
Dr Emma Camp est membre de l’University of Technology of Sydney (UTS) Climate Change Cluster - Future Reefs research program.

Dr Matthew Nitschke, co-leader de la publication, est actuellement en post-doctorat à  l’Université d’Aveiro, Portugal.

Dr Riccardo Rodolfo-Metalpa est chargé de recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) à Nouméa, Nouvelle-Calédonie.

Ces travaux ont été subventionnés par : Endeavour Research Fellowship (Australian Government Department of Education), l’Australian Research Council et parl’IRD.