Crise en Nouvelle-Calédonie : la CCI estime à 7 000 le nombre d’emplois perdus

Le centre commercial Kenu In à Dumbéa a été parmi les premiers touchés par les incendies.
Usines brûlées, commerces pillés et entreprises saccagées... Depuis le début des émeutes, le 13 mai, le tissu économique calédonien a perdu près de 7 000 emplois directs et indirects. La Chambre de commerce et d’industrie estime également que près d’un salarié sur quatre va se retrouver au chômage partiel.

Chaque jour, la liste des entreprises sinistrées s’allonge un peu plus. Dernier bilan en date : David Guyenne, le président de la Chambre de commerce et de l'industrie (CCI) de Nouvelle-Calédonie, évalue à 7 000 le nombre d’"emplois directs et indirects perdus" en Nouvelle-Calédonie depuis le début des émeutes.

L'activité économique a du mal à reprendre, du fait de l'insécurité qui règne encore dans le pays. "On estime à 15 000, le nombre de personnes qui seront touchées par le chômage partiel. C'est à peu près 25 % de l'ensemble de l'emploi salarié de la Nouvelle-Calédonie", a-t-il ajouté.

 

Une baisse drastique d'activité 

Les commerces alimentaires du centre-ville de Nouméa qui n'ont pas été incendiés tentent d'ouvrir "quelques heures par jour", en dépit des difficultés d'approvisionnement : "Aux dernières nouvelles, les activités étaient plutôt aux alentours de 15 à 20 % de leur chiffre d'affaires habituel", précise David Guyenne. Dans le quartier de Ducos, le poumon industriel de la Nouvelle-Calédonie, "ceux qui ont rouvert ne voient qu'un retour d'activité de 5 à 15 %", ajoute-t-il.

Moral en berne

L'insécurité en Nouvelle-Calédonie est un frein pour la reprise. Mais pas seulement. "Évidemment, les Calédoniens ne sont pas dans un état d'esprit de consommer", a-t-il expliqué. David Guyenne décrit encore "des zones inaccessibles dans le Grand Nouméa où la sécurité n'est pas rétablie", même s'il "sent un effet des forces de l'ordre, c'est incontestable". Dans la majorité des cas, l'accès est possible dans les quartiers de Nouméa. "Mais certains barrages se reforment dans la foulée, notamment dans la nuit. Ce qui fait qu'aujourd'hui, on ne peut pas dire que l'ordre soit rétabli à 100 %", décrit-il.

 

Une reprise difficile

Pour autant, les entreprises ont un besoin vital de reprendre une activité économique : "C'est vraiment important de rouvrir malgré ces conditions, parce qu'ils ont besoin déjà de se retrouver entre collaborateurs, de se retrouver dans l'entreprise, et ils ont besoin de voir l'avenir", explique-t-il.

Mais pour une grande partie, l'urgence est de reconstruire leur commerce ou entreprise incendié(e) lors des émeutes : "Nous avons identifié les mesures et les dispositifs, qui seront assez proches de tout ce qui a pu se passer lors du Covid, dit-il. Nous attendons l'officialisation de toutes ces mesures. C'est vrai que les chefs d'entreprise et les salariés commencent à être impatients."

Des mesures annoncées par le gouvernement

Pour le gouvernement calédonien, l'objectif premier est de faire en sorte que les salariés conservent leur travail et que les entreprises gardent les compétences de leurs salariés. À l’image de ce qui avait été fait pendant la crise du Covid, l’exécutif propose aujourd'hui un chômage partiel spécifique. Le fonds de solidarité de l’Etat, mentionné par Emmanuel Macron lors de sa venue, "est en cours d'élaboration et de finalisation", a déclaré le gouvernement.