Crise en Nouvelle-Calédonie. La situation financière de la Nouvelle-Calédonie scrutée par les élus du Congrès

La séance du Congrès du 11 juillet 2024.
Les élus du Congrès ont adopté ce jeudi 11 juillet le compte administratif 2023 pour la Nouvelle-Calédonie. Il révèle un excédent de quatre milliards de francs CFP. Une situation financière de l'exercice passé qui tranche nettement avec le contexte actuel.

L'examen du compte administratif 2023 de la Nouvelle-Calédonie ne pouvait faire l'impasse sur la situation difficile que traverse le pays.

Ce jeudi 11 juillet, au Congrès, le directeur du budget des affaires financières du gouvernement, Ronan Labbé, a été très clair. Selon lui, les événements de mai ont accentué les difficultés de reversement de trésorerie aux collectivités. "La situation de la trésorerie de la Nouvelle-Calédonie au 6 juillet : le solde sur le compte de la Nouvelle-Calédonie s'élevait à 2,2 milliards de francs et il y avait sur le bureau 21,7 milliards de mandats à payer en attente de trésorerie. Donc quasiment 22 milliards de mandats à payer pour 2,2 milliards de solde en caisse." 

"Des coupes extrêmement violentes"

En toile de fond, des recettes fiscales pratiquement absentes. Ainsi, sur six semaines, 31,5 milliards devaient être encaissés, mais seulement un peu plus de la moitié a pu l'être. Une situation qui oblige le gouvernement à décaler les reversements, avec des conséquences pour les exécutifs provinciaux. "C'est la même situation à la province et dans les mairies, il y a un tel effondrement aujourd'hui des recettes fiscales indirectes que la Nouvelle-Calédonie ne verse plus les douzièmes, détaille Philippe Blaise, membre du Congrès, groupe les Loyalistes. "Donc nous n'avons plus les moyens de payer tout ce que nous assurions jusqu'à présent. La priorité va être de payer les salaires des fonctionnaires, les enseignants. Effectivement, nous sommes obligés, on le verra à l'assemblée de province Sud du 15 juillet, de faire des coupes extrêmement violentes dans tout un tas de dispositifs. Nous ne sommes pas aujourd'hui capables de garantir le paiement de l'aide médicale par exemple." 

"Mettre un terme à cette lente descente aux enfers"

Réagir sans attendre, c'est le vœu des non-indépendantistes qui demandent un sursaut général pour sauver le système, que ce soit celui des retraites ou des aides sociales, autrement dit de l'économie. "On ne prend pas véritablement conscience de la lame de fond qui est en train de tout détruire. Il faut vraiment maintenant mettre un terme très vite à ce qui s'est passé dans la rue et qui doit revenir dans les institutions. Toutes les revendications politiques sont légitimes, mais elles doivent être portées dans les institutions, insiste Philippe Dunoyer, membre du Congrès, élu Calédonie ensemble. Maintenant, les élections sont passées, les résultats sont connus. Il faut véritablement tout de suite enclencher quelque chose pour mettre un terme à cette lente descente aux enfers.

"La responsabilité de l'Etat"

Dans les rangs de l'Union calédonienne, chez les indépendantistes, l'apaisement passe par le retrait du texte sur le dégel du corps électoral et le rapatriement des "prisonniers politiques". Un préalable critiqué à droite, mais à l'UC on évoque la responsabilité de l'Etat. "La situation dans laquelle on est aujourd’hui ne relève pas de nous. Elle relève d'une décision de l'Etat d'engager le projet de loi sur le dégel du corps électoral. Donc il relève à l'Etat de pouvoir amener les réponses qui nous permettent de revenir à une situation normale", affirme Pierre-Chanel Tutugoro, membre du Congrès, groupe UC-FLNKS. 

"Les contraintes de l'Etat"

C'est aussi vers l'Etat que les regards se tournent pour réduire la situation de crise que connaît le pays, déjà en grande difficulté avant les événements du mois de mai. "Pour le moment, on a aucune visibilité, confirme Yannick Slamet, membre du gouvernement en charge du budget. Sinon qu'aujourd'hui le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie travaille avec l'Etat pour pouvoir trouver des solutions. On pourrait toujours dire que l'Etat n'apporte pas ce qui est espéré, mais l'Etat a également des contraintes que l'on connaît. Des contraintes politiques et des contraintes budgétaires."

C'est dans ce débat d'avenir incertain que le compte administratif 2023 a été adopté. Les élus doivent se retrouver mardi 16 juillet pour examiner le budget supplémentaire de la Nouvelle-Calédonie. 

Le reportage de Thérèse Waïa et Christian Favennec :

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