Croisières: une filière dynamique qui reste à optimiser

Entrée d'un paquebot de croisière dans le port de Nouméa.
Le tourisme de croisière, un secteur de l’économie calédonienne en expansion. Entre 2010 et 2017, le nombre de croisiéristes a bondi de 63%. Une progression plus forte que celle des touristes arrivant par avion.
Avec une croissance dépassant 7% dans la zone Asie-Pacifique, l’industrie de la croisière pourrait devenir un pilier de l’économie calédonienne. C’est, en tout cas, la certitude du gouvernement qui veut développer le secteur avec le marché australien. L'an dernier, les paquebots de la compagnie Carnival cruise line ont effectué 374 escales sur le Caillou au départ de l'Australie. Nos voisins anglosaxons classent même l’île des Pins et Lifou dans le top 5 des meilleures escales au monde. Nouméa, elle, piétine. 
 

Quand on n’a que huit heures pour connaître une destination, c’est compliqué si rien n’est clair.
Jennifer Vandekreeke, Carnival cruise line

 

Manque de signalisation

La faute à de mauvaises conditions d’accueil, selon la vice-présidente de Carnival Australia. «C’est compliqué quand on arrive dans le centre-ville de Nouméa, décrit Jennifer Vandekreeke. Il n’y a pas beaucoup de signalisation, surtout en anglais. Quand les croisiéristes arrivent, ils ne savent pas où aller, quels sont les meilleurs restaurants, où sont les boutiques… Ils doivent chercher et quand on n’a que huit heures pour connaître une destination, c’est compliqué si rien n’est clair. »
 
Arrivée de croisiéristes à Nouméa.
 

«Welcome to Noumea!»

Les croisiéristes amenés en Calédonie par Carnival sont surtout anglophones. «Quand ils arrivent, poursuit Jennifer Vandekreeke, s’il n’y a pas de sourires ni de welcome, ils ne savent pas qu’ils sont les bienvenus. Pour beaucoup de gens, c’est difficile de parler dans une langue qui n’est pas la leur. Mais faire l’effort de sourire et de dire: "Welcome to Noumea!", ça fait un changement énorme pour nos croisiéristes.»
 

Huit à quatorze milliards de retombées? 

Il n’existe actuellement aucune étude récente et sérieuse permettant d’évaluer les retombées financières de la croisière pour la Calédonie. Mais les institutions estiment que le secteur lui rapporte entre huit et quatorze milliards chaque année. Des chiffres qui pourraient encore être améliorés avec une meilleure stratégie de développement.
 

On a vraiment des atouts en termes de gastronomie, de qualité des produits mais également d’histoire.
- Thibaut Raffard, chargé de mission au gouvernement

 

Miser sur «la valeur ajoutée»

«On sera difficilement concurrentiels en termes de prix, on sait bien que structurellement, la Calédonie a des prix qui sont assez élevés», pose Thibaut Raffard, chargé de mission «croisières» au gouvernement. «Il faut qu’on se positionne davantage sur de la valeur ajoutée en termes d’expérience, d’histoire, d’anecdotes pour que les gens se sentent dans un lieu où ils ont une expérience qu’ils ne peuvent pas trouver ailleurs. On a vraiment des atouts en termes de gastronomie, de qualité des produits mais également d’histoire, qui est tout à fait unique dans le monde. »
 
Arrivée de paquebot au port autonome de Nouméa... avant la crise du coronavirus.
 

Pause annoncée

Entre 2010 et 2017, le nombre de croisiéristes qui ont mis le cap sur la Calédonie est passé de 183 000 à plus de 500 000. Les années 2019 et 2020 devraient connaître moins de touchers de paquebots, le temps pour Carnival de renouveler une partie de sa flotte. Mais cette période pourrait être mise à profit par les acteurs de la filière en Calédonie. 
 

Grands chantiers

Parmi les chantiers en cours pour booster le secteur, on compte le grand projet du quai Ferry, qui entend dynamiser la petite rade à grands coup de cafés, boutiques et restaurants. Mais également le très attendu terminal de croisière en grande rade du port de Nouméa. De quoi améliorer de manière significative l’accueil des visiteurs, contraints d’accoster, au moins jusqu’à la fin de l’année encore, au milieu des conteneurs…

Le point de Loreleï Aubry et Cédric Michaut.
©nouvellecaledonie