Décolonisation : pour les Loyalistes, les échanges bilatéraux à New-York ont permis de "rétablir quelques vérités"

Gil Brial et Laura Vendegou ont rencontré la présidente du C24, Menissa Rambally (au centre) en marge du C24.
Après leurs interventions devant l'assemblée du Comité spécial de décolonisation (C24) de l'ONU à New-York en début de semaine, Gil Brial et Laura Vendegou, représentants des Loyalistes, ont poursuivi les échanges bilatéraux. Ils ont notamment rencontré la présidente du C24, Menissa Rambally et le lieutenant-colonel Neumi Vakadewabuka, représentant des îles Fidji au C24. Le point sur ce déplacement avec Gil Brial.

NC 1ère : Ces discussions sont-elles aussi importantes que votre déclaration devant l’assemblée ?

Gil Brial (G.B) : Elles sont quasiment plus importantes, car devant l’assemblée nous avons fait des déclarations dans un temps maximal autorisé de quatre minutes. Ce sont des déclarations qui n’entraînent pas d’échanges.

Ces rencontres nous permettent d’apporter des explications plus précises et plus détaillées et surtout d’engager des échanges autour de nos positions ou celles des indépendantistes. C’est également, pour nos interlocuteurs, l’occasion de préciser leurs approches sur le dossier calédonien au sein du C24.

Pouvez-vous nous rappeler qui sont les personnes que vous avez rencontrées et quelles étaient vos revendications ?

G.B : Nous nous sommes entretenus avec la présidente du C24, Menissa Rambally, et le lieutenant-colonel Neumi Vakadewabuka, représentant des îles Fidji au C24.

C’était la première assemblée du C24 depuis la récente élection à sa présidence de l’ambassadrice de Sainte-Lucie à l’ONU, donc la première occasion pour elle d’aborder le dossier calédonien. Nous avons plus particulièrement développé deux points : le fait que la Nouvelle-Calédonie doit pouvoir être retirée de la liste des territoires non autonomes, la nécessité pour le C24 de garder sa neutralité et de ne pas soutenir la démarche du FLNKS de saisine de la Cour internationale de justice (CIJ).

L’audit sur la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie a été supervisée par l’ancienne présidente du C24, l’ambassadrice Keisha McGuire. La neutralité de ce document ne peut donc pas être remis en cause. Cet audit indique clairement que toutes les étapes de l’Accord de Nouméa ont été réalisées. Les sept critères retenus par l’ONU pour définir le niveau de décolonisation d’un territoire sont tous "cochés" en Nouvelle-Calédonie, et que par conséquent notre territoire peut être considéré comme décolonisé et être retiré de la liste des pays non autonomes.

Concernant la tentative du FLNKS de faire porter par un État ou le C24 une saisine de la CIJ, nous avons rappelé que ce sont les indépendantistes qui ont déclenché l’organisation du 3e référendum par la demande de 25 membres du Congrès, et qu’à tout moment ces mêmes membres auraient pu retirer leur demande. Nous avons précisé que la coutume a été instrumentalisée avec un deuil d’un an qui ne permettait pas de participer à la consultation référendaire mais qui permettait de participer aux élections législatives dans des conditions sanitaires moins bonnes.

Quel bilan tirez-vous de ces échanges ?

G.B : Un bilan positif avec des interlocuteurs qui sont en demande d’avoir les deux visions du dossier calédonien : indépendantistes et loyalistes. Cela nous a également permis de rétablir quelques vérités !

Quelle a été la position de vos interlocuteurs concernant la demande de retirer la Nouvelle-Calédonie de la liste des pays à décoloniser ?

G.B : On pensait avoir une opposition franche à cette demande, ça n’a pas été le cas.

Certes, c’est à la France d’en faire la demande, mais c’est une démarche longue que l’on souhaite préparer en amont. Encore une fois, l’audit de la décolonisation est sans appel… Mais c’est un document en français qui doit absolument être traduit pour que les membres du C24 puissent se l’approprier. Nous avons fait une demande en ce sens au représentant de la France à l’ONU, l’ambassadeur Nicolas de Rivière.

Votre invitation à venir en Nouvelle-Calédonie a-t-elle été acceptée par la présidence du C24 ?

G.B : Sur le principe, oui. Le C24 souhaite faire une mission en Nouvelle-Calédonie, mais il y a des contraintes budgétaires liées à ce déplacement. Je pense que les collectivités provinciales peuvent, à travers leurs structures hôtelières, apporter une aide qui sera précieuse.

Ce déplacement est important : il permet aux membres du C24 de se rendre compte de la réalité de la situation du territoire et de notre niveau de décolonisation. Nous n’avons rien à cacher ! Au contraire nous devons être fiers de l’accompagnement de la France dans le déroulé de l’Accord de Nouméa et nous devons soutenir l’implication du C24, même si ce n’était pas une évidence il y a quelques années.