Allongement des délais de construction, entrée en production reportée, flambée des coûts constituent officiellement les raisons de la rupture. Sumitomo (SMM) justifie ainsi la fin d'un partenariat d’une décennie. Un revers aussi pour son partenaire, le groupe brésilien Vale.
Un projet encore reporté
Le projet visait à démarrer la production avec une capacité d'environ 40 000 tonnes de sulfure de nickel destiné, après raffinage, aux véhicules électriques. Le sulfure de nickel se présente sous l'aspect d'une poudre noire destinée aux batteries électriques. Elle contient 64% de nickel.
En comparaison, l’usine calédonienne de Prony Ressources produit un nickel de nomenclature (NHC-MHP), contenant 45% de nickel mais aussi 3,5% de cobalt, beaucoup plus cher.
Selon l’agence financière Bloomberg, la décision de Sumitomo pourrait potentiellement "provoquer de nouveaux retards sur le marché des véhicules électriques, augmentant les difficultés d’approvisionnement dans un nickel de qualité batterie déjà rare".
"SMM a conclu qu'il n'avait pas d'autre choix que d'interrompre l'étude car il est difficile d’avancer sans perspective de progrès futurs", a déclaré la société Sumitomo Metal Mining Co dans un communiqué. De son côté, Vale a indiqué rechercher un nouveau partenaire.
L'appétit pour le risque diminue
Au LME de Londres, on entend la musique quotidienne des stocks de nickel en baisse, des prix élevés de l’énergie, des coûts de production en hausse dans les usines, des chaînes d’approvisionnement perturbées. Des vents contraires donc, où les vents froids dominant viennent de la grande plaine d’Ukraine.
Une grande partie du paysage financier est imprégné d’un sentiment baissier et la Bourse des métaux de Shanghai est fermée jusqu’à jeudi.
Flambée du roi dollar qui règne sur le marché des métaux mais fait fuir les investisseurs asiatiques, données industrielles chinoises plus mauvaises que prévues, projections de croissance mondiale révisées à la baisse, augmentation significative de l’inflation ; l’appétit pour le risque diminue, les conséquences de la guerre en Ukraine augmentent la vulnérabilité des économies émergentes.
Si le nickel reste "long", car la demande est toujours présente, l’intérêt pour le métal diminue à Londres. Il se contracte avec des échanges en baisse par rapport à leur pique du 8 mars quand 76.000 lots avaient changé de main. Lundi, 12.200 lots de nickel de classe 1 ont circulé au LME.
"Une grande incertitude demeure quant à l’avenir", résume Alastair Munro, analyste de Marex à la Bourse des métaux de Londres. De leur côté, les experts du FMI ont révisé à la baisse les prévisions de croissance mondiale pour 2023 dans 190 pays avancés ou en développement.
LME Nickel cours provisoire 03/05/2022 30.534 dollars/tonne -3,89%