Disparition d'Aloï Pilioko, peintre prolifique du Pacifique

Une vie qui aurait pu être celle d'un roman, une oeuvre foisonnante et colorée : l'artiste Aloï Pilioko est décédé à l'âge de 85 ans. Originaire de Wallis, il s'était installé dans les années 50 à Port-Vila dans une maison devenue également une oeuvre à elle toute seule.
Peintre aux couleurs vives, personnalité attachante et originale, Aloï Pilioko dont on a appris le décès ce mardi, était une figure de l’art du Pacifique.
Originaire d’Uvea, à Wallis, il s’installe dans les années 50 aux Nouvelles-Hébrides, devenues aujourd’hui le Vanuatu.
 

Mais c’est à Nouméa qu’il rencontre celui avec qui il développera, en parallèle de son propre travail, une oeuvre commune, le peintre français d’origine russe  Nicolaï Michoutouchkine. Celui-ci remarque les talents artistique d'Aloï et l'encourage dans sa création. Les deux artistes ne se quitteront plus. Aloï part rejoindre Nicolaï, qui est parti travailler à Futuna. Là-bas Aloï Pilioko apprend l'art de la broderie, qui aura une influence majeure dans sa carrière. Lors de leur séjour à Futuna, ils collectionnent de très belles pièces et en 1961 ils quittent Futuna pour revenir au Vanuatu.
 

Exposé de Paris à Moscou

A partir de là, Aloï et Nicolaï enchaînent les voyages à travers le Pacifique, rencontrant artistes, personnalités et collectant des objets. Ce sont les premiers à oser exposer des œuvres contemporaines avec des objets traditionnels. Ils sont considérés comme les précurseurs du courant artistique contemporain dans le Pacifique et ont participé à son développement, en organisant des ateliers d'artistes.

Reconnus dans le monde entier, ils voyagent et exposent un peu partout de Paris à Moscou.

Installés à Esnaar, au sud de Port-Vila, les deux hommes font de leur lieu de vie une œuvre à part entière, devenue la fondation « Pilioko-Michoutouchkine ». Une œuvre qu’Aloï perpétuera après la mort de son Michoutouchkine en 2010.
 

Ce lundi, l'ensemble du monde artistique s'est ému de la disparition de l'artiste de 85 ans, figure attachante et sensible, qui signait parfois ses oeuvre « Nicaloï », en hommage à son compagnon disparu.
 
C'était un « artiste essentiel dans la région Pacifique », « important et complètement iconoclaste », selon Guillaume Soulard, le directeur artistique du Centre Culturel de Tjibaou, à Nouméa, qui dispose de quelques-unes de ses oeuvres. « Il a revisité les expressions du Pacifique d'une manière étonnante, colorée, inventive » et « peignait sur tous les supports ».
Son témoignage à écouter ici.

ITW guillaume Soulard

Ecoutez le témoignage de son ami Clément Martinez, restaurateur à Port-Vila. Il est au micro d'Hilaire Bule