Disparition de Déwé Gorodey : une personnalité politique et culturelle de la Nouvelle-Calédonie s'en est allée

Déwé Gorodey, alors en charge de la condition féminine au gouvernement.
La Nouvelle-Calédonie a perdu une femme de lettres et de convictions, membre du gouvernement deux décennies durant. Déwé Gorodey vient de s'en aller, à Poindimié, des suites de maladie. Elle avait 73 ans.

Des suites d'une longue maladie, elle s'est éteinte ce dimanche matin à l'hôpital de Poindimié. Femme politique indépendantiste, écrivain kanak, Déwé Gorodey avait 73 ans. 

Foulards rouges et Palika

Cette enfant de la côte Est est née le 1er juin 1949 dans la tribu de l'Embouchure, à Ponérihouen. Après une scolarité à Houaïlou, un baccalauréat obtenu à Nouméa et une licence de lettres modernes à l’université de Montpellier, la jeune femme commence à enseigner, dès 1974. En parallèle à sa carrière, elle s'engage en politique au sein des Foulards rouges et du groupe 1878, deux  mouvements de jeunes indépendantistes. En 1976, Déwé Gorodey participe à la création du Palika, le Parti de libération kanak qui est l'une des grandes composantes  du FLNKS. 

Reconnaître la culture et l'identité kanak

Ses convictions vont la conduire en prison à plusieurs reprises. Dans les années quatre-vingts, pendant les Evénements, elle fait partie de missions du front indépendantiste dans le Pacifique, à l’ONU et dans d’autres pays. Déwé Gorodey milite fermement pour la souveraineté de la Calédonie. Après les accords de Matignon et de Nouméa, elle met l’accent sur la défense de la reconnaissance de la culture et de l'identité kanak. 

L'une des premières élues de la province Nord

Mai 1999, elle est l'une des deux premières femmes élues à l’assemblée de la province Nord. Membre du premier gouvernement, présidé par Jean Lèques, elle restera au sein de l'exécutif jusqu’en 2019. Comme vice-présidente chargée de la culture, de la jeunesse et des sports ou encore du secteur  de la condition féminine et de la citoyenneté, avec la responsabilité des affaires coutumières et des relations avec le Sénat coutumier. 

Enseignement des langues kanak et signes identitaires

Deux dossiers importants prévus dans l'Accord de Nouméa lui tiennent à cœur : l'enseignement des langues kanak et les signes identitaires. Déwé Gorodey a également milité pour que la date du 24 septembre, date anniversaire de la prise de possession par la France en 1853, soit une célébration plus consensuelle de la citoyenneté néo-calédonienne. "Journée citoyenne" puis "Fête de la citoyenneté" pour "assumer ensemble notre histoire commune". 

Déwé Gorodey en mai 2016 au journal télévisé.

Poèmes, contes et nouvelles

Déwé Gorodey, pour faire connaître la culture et les traditions kanak, a écrit des poèmes, des contes et des recueils de nouvelles. Dire le vrai est certainement son acte littéraire politique le plus fort. Ajoutons qu'elle a enseigné un temps l'histoire de la littérature du Pacifique à l'université de Nouméa. Ou encore initié le Silo, Salon international du livre océanien. 

Retour sur son parcours avec François Dufour :

Retour sur le parcours de Déwé Gorodey ©NC la 1ère

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