Disparition de Wilfrid Maï, un “petit mineur” de Nouvelle-Calédonie devenu personnalité majeure de la filière nickel

Wilfrid Maï a été désigné président du SIM, le Syndicat des industries de la mine, à compter de 2013.
Il dirigeait le Syndicat des industries de la mine en Nouvelle-Calédonie, était président d'honneur du Contrakmine, gérait le groupe Maï et sa société MKM qui exploite notamment des mines dans le Grand Sud… Wilfrid Maï est décédé dans la nuit de vendredi à samedi, des suites d'une longue maladie.

Il était malade depuis plusieurs années. Wilfrid Maï s’est éteint dans la nuit du vendredi 4 au samedi 5 octobre, à l'âge de 62 ans. Et avec lui, une figure à la fois discrète et marquante de la mine en Nouvelle-Calédonie. Né dans la terre rouge de Houaïlou en 1961, le fils aîné de Jules Maï s'était fait un nom en soi dans la filière nickel. Depuis 2013, il présidait le Syndicat des industries de la mine (SIM).

Dès le plus jeune âge

C'est dans les années cinquante que son père arrive de Tahiti et intègre le centre minier de Kouaoua où il est employé par le groupe Pentecost. Il épouse Émilienne Tehei Boewa, originaire de Nindhia à Houaïlou, commune où il va travailler sur mine. Au début des années quatre-vingt, Jules crée la société MKM, comme Maï Kouaoua mines. Wilfrid Maï, qui baigne dans le milieu depuis son plus jeune âge, va prendre le relais à la tête de l'entreprise familiale. 

Retour de l'exploitation minière au Mont-Dore

Avec lui, MKM, active à Houaïlou, Poya ou encore Canala, passe de "petit mineur", selon l'expression consacrée pour désigner les différents sous-traitants des grands industriels, à exploitant direct. Il mise sur la valorisation du minerai à faible teneur en nickel, en récupérant des stocks longtemps entreposés, à Saint-Louis ou à N'Go, et en acquérant des titres dans le Grand Sud côté Mont-Dore. Des concessions travaillées durant les années soixante-dix et renommées Ada, Graziella ou Mireille, comme les prénoms de ses sœurs.

En lien avec les tribus

L'arrêté pour Ada, située au-dessus de la baie de N'Go, signe le retour de l'exploitation minière au Mont-Dore, en dehors de tout ce qui touchait à l'usine du Sud. Celui pour Graziella, vers la rivière des Pirogues, suit en 2016. Une reprise minière qui s'appuie sur les populations locales, notamment les habitants de la tribu de Saint-Louis ou de celle de Ouara, sur l'île Ouen.

Président d'honneur du Contrakmine

En parallèle, Wilfrid Maï prend des responsabilités grandissantes dans la filière mine calédonienne. Au sein du SIM, mais pas seulement. Au moment du grand conflit des rouleurs, en 2015, il préside le Contrakmine. Il cédera ensuite la place à Max Foucher et deviendra président d'honneur du syndicat. Il œuvre également au sein du Syndicat des producteurs exportateurs et exportateurs de minerai de nickel de Nouvelle-Calédonie. Aujourd'hui, MKM fait partie du groupe Maï, qui a aussi comme filiales la Société minière de Poro, Hélisud et Bridgestone NC.

"Pas un ingénieur ni un diplômé"

"Wilfrid Maï a été un fervent combattant, un soutien indéfectible, de l'industrie minière de la Calédonie, tant chez les 'petits mineurs' que chez les métallurgistes", résume Christian Taupua, directeur général du groupe Maï. Et d'insister : "Ce n'est pas un ingénieur des mines, un diplômé des mines mais surtout quelqu'un qui a commencé à l'âge de quatorze ans à travailler sur les mines, dans la boue et la poussière. Il a tout appris avec son père."

"Un héritage exceptionnel"

Dans un communiqué diffusé ce samedi matin, le Syndicat des industries de la mine salue une “figure emblématique du secteur minier”, qui “laisse un héritage exceptionnel de détermination, de dévouement et de leadership”. Et d’écrire encore : “Son engagement, sa vision pour le développement durable du secteur et son attachement aux valeurs sociales et humaines ont fait de lui un leader respecté et admiré tant par ses collègues que par ses partenaires industriels et institutionnels.”

“On a fait énormément de travail ensemble pour l’activité minière", renchérit Max Foucher, lui aussi président d’honneur du Contrakmine, qui l’a côtoyé “pendant trente-cinq ans”. "On a vraiment mené un combat économique. Ça fait une vide pour notre corporation, notre profession"