En économie, une bonne nouvelle peut en cacher des mauvaises. Dans une note de conjoncture publiée jeudi 2 novembre, l’Isee analyse les salaires des Calédoniens l’an dernier. On y apprend qu'en 2022, le nombre d’emplois a augmenté. Mais l’Institut de la statistique et des études économiques relève que les nouveaux postes créés sont peu ou pas qualifiés. Le salaire net moyen a baissé, ce qui a causé une perte de pouvoir d’achat. Explications.
1 Salaire moyen, 345 000 F
D’après le document de l’Isee, les salariés calédoniens gagnaient l’an dernier en moyenne 345 000 F net par mois. Tous secteurs confondus, sans compter les personnes employées par des particuliers. Mais la moitié d’entre eux avaient un salaire plutôt compris entre 167 000 F et 366 000 F. Un quart percevait même un salaire mensuel net inférieur à 167 000 F. Tandis qu’un autre quart des salariés recevaient plus de 366 000 F.
2 Chez les ouvriers, 249 000 F
Le salaire médian, qui correspond à la tranche touchée par le plus grand nombre de salariés, s’élevait, lui, à 238 000 francs. Et on le sait, "la qualification de l’emploi joue un rôle prépondérant sur le niveau de rémunération". Salaire moyen des ouvriers, 249 000 F. Salaire moyen dans les professions intermédiaires, 399 000 F. Chez les cadres et les professions intellectuelles supérieures, 649 000 F.
3 Trois mille francs en moins
La crise Covid a entraîné de nombreuses destructions d’emplois. En 2022, beaucoup ont été créés, ce qui a permis de revenir à la situation d’avant. Mais les emplois retrouvés s’avèrent pour la plupart précaires (ils appartiennent à 87 % à la catégorie employés). Cela fait baisser le salaire moyen. En 2021, il se montait à 348 000 F, au lieu de 345 000 F en 2022.
4 Des revalorisations…
Des éléments ont pu jouer sur l’évolution générale. Le salaire minimal garanti (SMG) et le salaire minimal agricole garanti (SMAG) ont ainsi recommencé à être réajustés, en lien avec la forte inflation. Et dans le public, les fonctionnaires d’Etat ont vu leur point d’indice revalorisé à partir de juillet.
5…dans un contexte de vie plus chère
Mais cela dit, signale l’Isee, les cotisations sociales ont augmenté pour tous les salariés (CCS, Ruamm pour certains, Caisse locale de retraites pour les fonctionnaires territoriaux). Et puis les prix ont connu une hausse record sur les trente dernières années, de + 3,7 % selon l’Institut.
6 Un pouvoir d’achat en baisse
Bref, en 2022, les salariés ont perdu 4,5 % de pouvoir d’achat, dans l’ensemble des secteurs et pour tous les types de profil. Un peu moins pour les fonctionnaires d’Etat (- 2,2 % en moyenne), un peu plus pour les femmes du secteur privé (- 5,5 %).
7 Le salaire est bas dans un emploi sur cinq
On parle ici de bas salaire quand il ne dépasse pas 164 000 F mensuel net. En 2022, leur part est restée importante : 19,8 %, ce qui fait un emploi sur cinq. Ils sont davantage présents dans le privé (24,3 % de bas salaires contre 7,1 % dans le public). Concernent un peu plus les femmes (26,5 % touchent un bas salaire, contre 22,4 % des hommes). Et presque un tiers des jeunes. Car chez les salariés de moins de trente ans, un emploi sur trois est à bas salaire.
8 L’écart de salaires s’est creusé, entre les femmes et les hommes
Pas gagnée, l’égalité salariale entre femmes et hommes. En 2022, leur rémunération à elles était inférieure de 8,9 % comparé à leur salaire à eux. L’écart s’est même creusé - il était de 8,1 % en 2021 et 2020. L’augmentation de cette disparité, analyse l’Isee, "résulte principalement du fait que les femmes représentent plus de 60 % des effectifs relatifs aux emplois supplémentaires de 2022, en grande partie précaires et non qualifiés".
9 Plus on est jeune, moins il est fort
On notera que l’écart varie selon l’âge. Chez les cinquante ans et plus, le salaire des femmes est inférieur de 14,2 %. Entre quarante et 49 ans, la différence passe à 9,6 %. Puis elle se réduit à 4,2 % entre trente et 39 ans. Et au-dessous de trente ans, une femme gagne en moyenne 1,4 % de plus qu’un homme.
10 Le privé rémunère un tiers moins bien que le public
Dans le privé, en moyenne, les salaires étaient l'an dernier 33 % moins élevés que dans le public. Une donnée stable, puisqu'elle était de 32 % en 2021. Elle descend à 27 % chez les employés et les ouvriers. Chez les professions intermédiaires, c'est 12%. En revanche, les cadres et professions intellectuelles supérieures du privé touchent un salaire en moyenne plus élevé de 5 % que dans le public.
Au final, cette différence moyenne de 33% est liée à la répartition des emplois. Dans le privé, trois postes équivalent temps plein sur quatre relèvent de la catégorie ouvrier ou employé. Dans le public, presque deux agents sur trois (57 %) exercent une profession intermédiaire ou intellectuelle supérieure.