Le gouvernement cubain a déploré jeudi que le président américain Joe Biden n'ait "pas bougé d'un millimètre" vis-à-vis de Cuba, depuis son arrivée à la Maison Blanche et ne soit pas revenu sur les sanctions imposées par son prédécesseur Donald Trump. Les Etats-Unis réclament plus de démocratie.
En conférence de presse, le ministre de l'Economie cubain Alejandro Gil a énuméré divers exemples de la manière dont cet embargo affecte les échanges commerciaux de Cuba, avec notamment des primes de risque jusqu'à 60% imposées par certains fournisseurs, inquiets du risque de sanctions américaines.
Nickel
Néanmoins, il a dit tabler sur une reprise de l'économie cubaine en 2021. "Nous maintenons un objectif de croissance d'environ 6% cette année", grâce (notamment) à la hausse des prix du nickel (un des produits d'exportation de Cuba), a-t-il déclaré. La ressource du pays est constituée de minerais oxydés qui se trouvent dans les régions tropicales, et notamment en Nouvelle-Calédonie.
Le nickel cubain (ferronickel), l’un des composants de l’acier inoxydable, est toujours soumis à un embargo aux Etats-Unis, au même titre que l’ensemble des matières premières, minières ou agricoles, sans oublier les cigares.
Expropriation
Les entreprises minières et métallurgiques américaines présentes à Cuba ont été expropriées, sans rachat ni indemnité, par le régime castriste, au lendemain de la révolution. En réponse, non seulement le ferronickel mais aussi l’acier inoxydable produit dans le monde avec du nickel cubain ont été -et sont toujours- interdits d’entrer sur le territoire des Etats-Unis.
Interdiction
De plus, un fabricant japonais, allemand, chinois ou coréen qui souhaite commercialiser ses produits sur le marché nord-américain, doit démontrer au département du Trésor que ses voitures ou ses ordinateurs ne contiennent pas un gramme de nickel cubain. Ses mesures, mises en place par l’administration Eisenhower ont été renforcées par Bill Clinton, puis assouplies par Barack Obama, avant d’être de nouveau durcies par Donald Trump.
Embargo
La loi Helms-Burton (1996) sanctionne toute entreprise étrangère qui s’installerait dans des usines nationalisées par le régime castriste et appartenant auparavant à des sociétés américaines ou à des personnes qui, au moment de l’étatisation communiste, disposaient de la nationalité cubaine et avaient dû fuir le pays.
Protestation
Le gouvernement de M. Biden "n'a pas bougé d'un millimètre dans le maintien de cette politique d'agression de notre peuple" et aujourd'hui "ce serait un Cuba différent, une économie différente si nous n'avions pas dû affronter cet embargo criminel", en vigueur depuis 1962, a poursuivi le ministre de l'Economie au cours d'une conférence de presse.
En campagne, Joe Biden avait promis de revenir sur certaines sanctions prises par son prédécesseur, mais, pour l'instant, il n'a pas touché aux 240 mesures de renforcement de l'embargo prises par Donald Trump.
Selon le gouvernement cubain, le coût économique de l'embargo a atteint l'an dernier 5,5 milliard de dollars. En 2020, Cuba avait vu son PIB s'effondrer de 11%, sa pire chute en près de 30 ans, en raison de la pandémie causée par le coronavirus.
Historique du nickel
A la fin des années 1950, juste avant la révolution cubaine, l’île était le troisième producteur mondial de nickel derrière le Canada et la Nouvelle-Calédonie. En 2019, date des dernières statistiques transmises par l’INSG, la production de la société d’Etat (Cubaniquel), a représenté un peu moins du quart de la production minière calédonienne de nickel et de cobalt. Une zone grise existe autour des exportations cubaines, impossible d'en connaître les clients internationaux. Le pays possède trois grandes entités industrielles dans la région de Moa au nord-ouest de l'île.
Cours du nickel au LME de Londres, le 21/05/21 à 17:00 GMT [BAISSE] 16 790 dollars/tonne : - 4,69%