REPLAY. Vote du budget 2025 de la Nouvelle-Calédonie : retrouvez les prises de paroles en ouverture de séance au Congrès

Séance du Congrès dédiée au vote du budget 2025, le 28 mars.
Jour J dans l'hémicycle du boulevard Vauban, à Nouméa. Le Congrès de la Nouvelle-Calédonie se réunit pour une session consacrée au vote du budget primitif de l'année en cours. Il s'élève à 205,7 milliards de francs. Un vote avec des enjeux très importants. La première heure de séance a permis aux différents groupes politiques de prendre la parole.

La séance au Congrès a débuté avec un peu plus d'une demi-heure de retard. Une tradition, semble-t-il, dans l'hémicycle. Après les prises de parole, le vote du budget doit se dérouler tout au long de la journée, hors suspension de séance en fin de matinée et le temps de déjeuner. 

Chaque groupe s'est positionné

En ouverture, après des paroles prononcées par la présidente Veylma Faleao, le président du gouvernement Alcide Ponga s'est exprimé. Celui qui dirige par ailleurs le Rassemblement a souhaité que le débat aboutisse et "qu'on arrive à quelque chose qui nous projette pour 2025."

Même teneur dans les mots de Virginie Ruffenach, à la tête du groupe Rassemblement au Congrès. "Du côté de notre groupe, nous n’étions pas fans d’un accompagnement de l’État par un prêt, pour augmenter au final un taux d’endettement déjà élevé. La Nouvelle-Calédonie a besoin d’un électrochoc positif. On ne peut pas constituer le budget sans cet emprunt, c’est pour ça qu’on souhaite qu’il soit voté aujourd’hui, pour ne pas donner les clés à l’État. C’est une nécessité et une responsabilité."

Philippe Dunoyer (Calédonie ensemble) et Sonia Backès (Loyalistes) sont d'accord sur le fait qu'il faudra faire "des efforts colossaux". "Notre budget est un budget d’exigence, où chacun va être sollicité en solidarité, pour tenir la route en 2025. Avec moins, ça signifie des efforts et des sacrifices. Il faut que nous soyons tous solidaires" a déclaré Philippe Dunoyer tandis que pour la présidente de la province Sud, "le budget qui nous est proposé ne va pas assez loin. Moins 1,2 % sur la masse salariale, ce n’est pas assez suffisant. On doit encore faire des efforts."

De son côté, Pierre-Chanel Tutugoro, de l'UC-FLNKS et Nationalistes, estime que c'est un budget qui exclut. "La jeunesse est mise à mal dans ce budget. Là où on a fait des coupes, c’est toujours dans le secteur de la jeunesse", a-t-il notamment dit. "On a l’impression qu’on a un budget anti-kanak, anti-océanien. J’amène ça avec prudence pour ne pas blesser certains parmi vous, mais je suis obligé de le dire pour créer de la réaction." Et de conclure : "Ça va être difficile pour nous d'accompagner ce budget."

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Jean-Pierre Djaiwé, de l'UNI, plus tempéré, a conclu que ce "ce budget, tel qu’il est construit, ne convient à personne. On récolte ce que l’on a semé, car depuis tout ce temps, on s’est regardé comme des adversaires et on a contribué à entretenir le clivage entre nous. On n'a pas travaillé pour le pays, mais chacun pour soi." Alors, dans son discours, il lance un message aux élus de l'hémicycle : "Que veut-on pour notre pays ? On veut travailler ensemble ou chacun de son côté ? Aujourd'hui, c'est peut-être le moment de revenir à la réalité de notre pays et on baisse le fonctionnement, ça va nous permettre de revenir à quelque chose de plus conforme." 

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Vaimu'a Muliava, de l'Éveil océanien, a quant à lui lancé un message fort aux autres élus. "Nous avons entretenu un système artificiel et à la première intempérie, ça se répercute dans ce bocal à poissons. L’Éveil océanien aurait aimé plus d’expertise et de technicité, à la hauteur de notre administration." Et de terminer, comme à son habitude, avec des propos plus lyriques : "Cessons d’être fébriles lorsqu’il faut voter une réforme. Vous manquez de spiritualité, de savoir-être. Entrez dans la forêt primaire, écoutez le notou."

Un enjeu colossal

Cette séance s'annonce longue et mouvementée. Les élus se penchent sur le budget de la Nouvelle-Calédonie alors que les finances s'avèrent exsangues. Il faudra faire avec moins d'argent que les années précédentes, expliquait Alcide Ponga lors du débat d'orientation budgétaire, début mars. 

Certes, ce budget s’élève à 205,7 milliards de francs CFP. Mais 120 milliards correspondent au grand emprunt à la France. Le sujet fera certainement débat. Comment doit-il être utilisé et remboursé ? 46 milliards sont déjà affectés aux remboursements des emprunts précédents et 45 milliards, aux urgences de 2025. 

"Je ne vois pas du tout les efforts. Ce n’est ni un budget de relance, ni un budget d’austérité. Il va y avoir des choix douloureux" : lors de l'édition spéciale de ce matin, en ouverture de séance, Joël Kasarhérou a livré son analyse en plateau à Matthieu Ruiz Barraud. "On va boucher des trous : Enercal, Ruamm… et on va créer des dettes pour financer la dette. Tout ce qu’on ne fait pas aujourd’hui niveau investissement, les non-choix vont être déplorés dans quelques années."

Le vote du budget doit intervenir au plus tard le 31 mars, sous peine d'un placement sous tutelle de l'État.