"Nous n'avons pas été naïfs, nous avons été cupides. Notre industrie s'est beaucoup construite autour de l'énergie russe avant tout car elle n'était pas chère", affirme Mme Vestager, qui est aussi vice-présidente de la Commission européenne, dans cette interview publiée en France par Les Echos.
Elle ajoute que l'attitude des Européens est la même "avec la Chine pour de nombreux produits ou avec Taïwan pour les puces, où nous sommes avant tout allés chercher des coûts de production plus bas".
Mais "il y avait une grosse prime de risque - la dépendance - que nous payons aujourd'hui" avec les conséquences de la guerre en Ukraine, explique la commissaire qui juge qu'il "faudra désormais plutôt payer une prime à la sécurité", notamment en misant sur le gaz naturel liquéfié (GNL), plus cher mais qui pourra apporter "la stabilité et la prédictibilité, qui amèneront des investissements", assure-t-elle.
Sur le sujet des métaux industriels et des terres rares dont l'Europe a besoin, notamment pour les batteries automobiles et les panneaux solaires, Mme Vestager plaide pour "de nouveaux partenariats internationaux", plutôt que le développement d'extraction minière sur le sol européen, "car cela prendrait au moins dix ans".
"Pour les panneaux solaires et les semi-conducteurs, beaucoup de matériaux proviennent aujourd'hui de Chine, de Russie ou d'Ukraine. Il faut là aussi diversifier notre approvisionnement. Nous ne pouvons pas miser uniquement sur l'idée de développer des mines et des raffineries sur notre sol", dit-elle.
La vice-présidente exécutive de la Commission cite notamment le Canada, la Norvège et l'Australie comme pays disposant d'"énormément de matériaux".
De son côté, Matthew Chamberlain, le Président de la Bourse des métaux de Londres, a rappelé l’importance de la Nouvelle-Calédonie pour le nickel, alors que 70% des besoins européens de la transition énergétique sont fournis par la géant russe Nornickel.