Au 1er janvier 2023, la Calédonie comptait 268 510 habitants, estime l'Institut de la statistique et des études économiques. C'est 0,5 % de moins qu’il y a un an, sous l’effet simultané de la baisse du solde naturel et de la hausse du déficit migratoire. NC la 1ère décrypte le bilan démographique 2022.
De quoi parle-t-on ?
Commençons par deux importantes définitions. Deux notions qui expliquent les variations de population. D'une part, le solde naturel (1 905 personnes en 2022). C’est la différence entre les naissances et les décès. Il est calculé avec l'état-civil.
D'autre part, le solde migratoire (-3 210 en 2022). C’est la différence entre les entrées et les sorties du territoire. Mais à ce jour, seules les entrées sont estimées, par les fiches d’identification des voyageurs à l’aéroport international. L'Isee calcule donc ce solde migratoire tous les cinq ans, à partir des données récoltées pendant le recensement. Et entre deux recensements, "l’exercice d’estimation du solde migratoire consiste à prolonger les tendances des années passées". Le prochain recensement, prévu en 2024, permettra de corriger les estimations annuelles calculées à partir de cette hypothèse.
Le solde naturel ne remonte pas
Depuis 2019, la population calédonienne diminue. Certes, en 2022, le solde naturel est resté positif, il y a toujours plus d'habitants qui voient le jour que d'habitants qui meurent. Mais l'excédent des naissances sur les décès (1 905 personnes) ne compense plus le déficit migratoire. Et cet apport se réduit d'année en année : "il a baissé de 2,3 % en 2022 après avoir déjà chuté de 21 % en 2021, année particulière de crise sanitaire marquée par une mortalité exceptionnelle. Les naissances comme les décès reculent, tout en se maintenant à un niveau élevé."
Huit ans de déficit migratoire
Le solde migratoire est estimé déficitaire pour la huitième année d'affilée. Ça veut dire plus de gens qui partent que de gens qui arrivent. "En prolongeant les tendances passées, le déficit atteint 3 200 personnes en 2022, avance ce bilan démographique. La population totale perd ainsi plus de mille personnes pour la deuxième année consécutive. Cette hypothèse d’un déficit constant est corroborée par la différence entre le nombre de passagers débarquant et embarquant à l’aéroport de Tontouta. Ce solde reste négatif depuis le dernier recensement".
Déséquilibre entre les générations
Prenez la pyramide des âges calédonienne. Elle se creuse à la base, "au fur et à mesure que les naissances diminuent. Le déficit de la population, notamment aux âges de faire des enfants, amplifie cette érosion. Le sommet s’élargit grâce aux baby-boomers qui sont non seulement nés nombreux, mais vivent aussi plus longtemps". Et quand l'équilibre entre les générations change au profit des plus âgés, ça pèse sur le système, "notamment pour le financement des retraites, des soins médicaux ou la prise en charge de la dépendance".
Un niveau élevé de mortalité
En 2022, le taux global de mortalité (sept habitants pour mille) est resté proche du niveau exceptionnel observé en 2021. On observe que la répartition des défunts entre hommes (57 %) et femmes (43 %) change peu. Stable aussi, la répartition selon la province d'habitation.
77 ans d'espérance de vie
Pour les années 2018 à 2022, l'espérance de vie à la naissance est arrêtée à 77,1 ans, avec comme d'habitude une différence entre les genres : 80,3 ans pour les femmes et 74,2 ans pour les hommes. Cet indicateur "a régressé à cause de la mortalité des années Covid".
Taux de natalité en baisse
En 2022, le taux de natalité calédonien était de 14,1 naissances en moyenne pour mille habitants. "Il diminue chaque année depuis 2016, où il était de 15,8 ‰." Répartition stable entre les provinces : 2697 naissances dans le Sud, 832 dans le Nord et 262 dans les îles Loyauté. Avec une observation, l'an dernier la seule natalité qui a augmenté comparé à la période 2015-2019 est celle des mères domiciliées dans le Nord, + 3 %.
Moins de naissances chez les plus jeunes
Autres enseignements :
- "Les femmes accouchent de plus en plus tard, en moyenne après 30 ans, pour la première fois en 2022".
- "Une seule naissance précoce, par une adolescente de moins de quinze ans, est dénombrée en 2022".
- "Le nombre d’enfants mis au monde par des jeunes femmes de moins de vingt ans baisse systématiquement, de façon significative chaque année. En 2022, il y a eu 100 naissances par des mères de cette tranche d’âge alors qu’il y en avait deux fois plus en 2015."
- "Aux âges les plus féconds, entre 20 et 29 ans, le nombre de naissances baisse de 20 %, ce qui représente 360 bébés de moins par rapport à 2015-2019."
- "C’est à partir de 35 ans que le nombre de naissances augmente le plus fortement, mais cette hausse ne représente qu’une centaine de naissances supplémentaires par rapport à 2015-2019."
Les mariages ont repris
Encore un indicateur, le taux de nuptialité. C'est le nombre de mariages célébrés dans l'année comparé à la population. En 2022, "il retrouve son niveau habituel, autour de trois mariages pour mille habitants, après le fort recul observé sur les années de crise sanitaire, 2020 et 2021". L'an dernier, il y a eu 886 mariages en Calédonie (593 dans le Sud, 151 en province Îles et 130 dans le Nord).
Pas de surprise, c'est beaucoup plus que durant l'époque Covid avec ses interdictions et ses reports (498 mariages en 2020 et 567 en 2021). Mais moins que la moyenne des années 2015 à 2019 (920). Pour information, l'âge moyen du premier mariage est de quasiment 37 ans pour les femmes et autour de 39 ans pour les hommes.
Au fil des mois
De ce bilan, on peut aussi retenir quelques tendances au cours de l'année 2022.
- Les mères ont mis au monde, en moyenne, 317 bébés par mois. Avec un pic à 356 en mars, et un minimum de 266 en octobre. On naît plus en début d'année et moins en fin d'année.
- La "saison des mariages" se confirme, elle court de juin à octobre. Avec un pic de 163 célébrations en août, quand le nombre moyen par mois a été de 74 unions.
- Dans un autre registre, c'est le mois de juillet qui a été le plus endeuillé. Il a été marqué par 194 décès, alors que la moyenne mensuelle s'est établie à 158 morts. Une tendance qualifiée d'habituelle, la saison fraîche est "propice à la propagation de virus grippaux dangereux pour les populations les plus vulnérables".