Des Flèches de la musique engagées

I Nu en live aux Flèches de la musique 2018.
Alors que les enveloppes allouées à la culture font les frais des restrictions budgétaires en Nouvelle-Calédonie, l'édition 2018 des Flèches de la musique ne s'est pas contentée de mettre en lumière la création locale. Elle a aussi tendu le micro aux artistes et à ceux qui œuvrent pour eux.
Coup double pour I Nu vendredi soir, au centre culturel du Mont-Dore. Le «trio sans frontière» est reparti avec deux Flèches de la musique. Révélation de l’année, il reçoit également le prix d’une nouvelle catégorie, folk mélanésien, pour son album I Nu. Une reconnaissance accueillie avec beaucoup d’émotion par Marianne et Hnawejë Canehmez, qui composent le groupe avec Enock Pagou-Banehote.

Le groupe Incontrol a reçu le prix Electro-musiques urbaines.

Quatre nominés par catégorie

Dix prix étaient ainsi à décerner cette année, et même onze en comptant celui qui était piloté par une radio privée. Avec quatre nominés par catégorie dans ce rendez-vous musical proposé par le Poemart (*) et la Sacenc (**). En dehors d'I Nu, les trophées sculptés par Adjé sont revenus à Tim Sameke, Edou, Ingrid Aucher, Gayulaz, Onetox ou le groupe Incontrol. A noter que le public a plébiscité l'album Qui? de Hyarison.

Date avancée

Devant la salle et les téléspectateurs qui suivaient la soirée en direct, les Flèches ont été remises aux artistes par leurs pairs (palmarès en encadré). C’est une des éléments marquants 2018 de la cérémonie qui met en valeur la création musicale locale de l’année écoulée. Non seulement cette neuvième édition a été avancée au mois d’avril, pour s’inscrire en début de saison culturelle, mais elle a offert un espace de parole aux artistes et aux acteurs de la culture.

Alain Guarèse expliquant le risque de fermeture qui plane sur l'AFMI.

Messages

Inquiets de voir diminuer les budgets alloués au secteur, ils avaient des messages à faire passer. On a entendu le directeur de l'AFMI rappeler la situation difficile dans laquelle se trouve l'Association pour la formation des musiciens intervenants. «Si au 30 juin, il ne se passe rien et on n'a pas de réponses du gouvernement, on ferme l'AFMI, a résumé Alain Guarese avec émotion. On est aujourd'hui 55 salariés…»

«La culture est un ciment, c'est ce qui nous maintient tous ensemble, c'est indispensable.»


«Ça n'a pas​ de sens»

«Malheureusement, dès qu'il y a restriction budgétaire, c'est la culture qui prend un coup direct, a formulé Rémy Villemain-Goyetche, qui fait partie du conseil d'administration de la Sacenc. Chez nous, ça n'a pas de sens puisque la culture est un ciment, c'est ce qui nous maintient tous ensemble, c'est indispensable.»

Dans la salle du centre culturel mondorien.

Pour la copie privée​

«On interpelle les élus au niveau de la copie privée, développait avant la cérémonie Dick Buama, l'artiste de Nengone, au micro de Sheïma Riahi. C’est un dossier qui devait aboutir en 2017, avant le référendum et là, on n’a rien encore.» Rappelons de quoi il s’agit: «A chaque fois que quelqu’un achète un smartphone, un mobile, une clé USB, tout ce qui va stocker de la musique, il y a une part minime, forfaitaire, du prix d’achat, qui revient aux créateurs, aux artistes, aux producteurs. Et en contrepartie, on autorise de copier la musique pour des usages privés.»


* Poemart: Pôle d'export de la musique et des arts de Nouvelle-Calédonie
** Sacenc: Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de Nouvelle-Calédonie
Le palmarès
Variété-musiques du Pacifique: Tim Sameke avec Manavaofa
Electro-musiques urbaines: Incontrol avec Let’s fall in love
Pop-rock-folk : Ingrid Aucher avec Aüré Ko Te Djanire - Ce(ux) que j’aime
Kaneka fusion: Edou avec Theué Mekune
Reggae: Onetox avec We still here
Folk mélanésien: I Nu avec I Nu
Kaneka: Gayulaz avec Je me rappelle
Révélation: I Nu avec I Nu
Prix du public: Hyarison avec Qui?
Prix d'honneur : Dewe Gorodey, ministre de la culture et de la condition féminine
Prix NRJ : Kaori, avec Aux îles fortunées