Garantir la qualité du kava exporté pour assurer son avenir

Le kava, boisson traditionnelle dans le Pacifique, a longtemps été proposé en Europe et aux États-Unis comme une alternative aux anxiolytiques et autres anti-dépresseurs chimiques.
Les bars à kava fleurissent aux États-Unis, de quoi encourager les exportateurs de la région à produire plus. Mais les pays du Pacifique en sont conscients, il ne faut pas négliger la qualité. Il est question d'instaurer des normes communes à tous les pays exportateurs.
La Bula Kava House à Portland, le Kava Lounge à San Francisco ou encore le Kavasutra à New York : plus besoin d'être au Vanuatu ou aux Fidji pour boire des shells de kava, les États-Unis comptent de plus en plus de nakamals. L'industrie d'exportation du kava est donc en plein essor et les prix grimpent : au Vanuatu, ils ont presque triplé en l'espace de quelques années.
 
Les principaux pays exportateurs de kava se sont retrouvés, il y a quelques jours, pour discuter de la mise au point de normes de qualité minimales obligatoires. Le Vanuatu, les Fidji, les Samoa et les États fédérés de Micronésie veulent avoir recours au Codex Alimentarius, un code alimentaire créé par la FAO (l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) et l'OMS (Organisation mondiale de la santé), mais cela va prendre du temps, explique Timothy Tumukon, directeur du secteur biodiversité du Vanuatu :
 
« À l'heure actuelle, il n'y a pas de normes régionales, mais le Vanuatu a mis en place des standards de qualité pour le kava exporté, et les autres producteurs du Pacifique sont en train d'étudier ce qui a été fait pour introduire à leur tour des réglementations et des normes pour l'exportation. »
 
Ça ne devrait pas être très compliqué pour ces pays-là de suivre l'exemple vanuatais, estime Timothy Tumukon. Il explique qu'il y a davantage de variétés de kava au Vanuatu, davantage de différences de qualité qu'aux Samoa, aux Fidji ou en Micronésie, où les variétés sont généralement nobles. Les pays de la région se laissent jusqu'en juillet 2017 pour s'organiser et soumettre leur projet à la commission du Codex Alimentarius.
 
Établir des normes ne suffira pas, il s'agira de les faire respecter et c'est ce qui sera sûrement le plus difficile, souligne Timothy Tumukon :
 
« L'application des lois, c'est notre plus gros problème. On doit commencer par former nos officiers. La géographie du pays complique aussi les choses, puisque c'est dans les îles que le kava est traité avant d'être envoyé. »
 
Tout est fait pour éviter la corruption, assure Timothy Tumukon, mais il « reconnaît qu'il y en a un peu ». La volonté d'assainir le secteur est toutefois bien là, ce qui devrait permettre de vendre le kava encore plus cher à l'avenir.