Goro Nickel: ces investisseurs qui font le pari d’une réussite industrielle en Nouvelle-Calédonie

La Nouvelle-Calédonie est une grande terre de nickel et de cobalt. Des investisseurs et des actionnaires internationaux sont associés au projet de New Century Ressources. L’industriel et mineur australien est le candidat exclusif à la reprise du grand complexe industriel de Goro Nickel.
L'actionnariat de la  société minière australienne New Century Ressources, apparaît telle des poupées russes, de tailles décroissantes, placées les unes à l’intérieur des autres.
 

Banque et industrie

Parmi ses actionnaires, on observe une succession de grandes banques internationales, mais aussi IGO, un industriel australien des métaux et du nickel qui détient 18,4 % de New Century Ressources. Cet ensemble d’actionnaires pèse lourd, il est intéressé par la reprise de l’énorme gisement de Goro. "Beaucoup de nickel, mais aussi beaucoup de cobalt pour les batteries électriques" rappelle le site australien Mining News.Net. L’industriel des "ressources du nouveau siècle", la traduction en français de New Century Ressources,  "partirait d’une feuille blanche, sans dette, et il disposerait sur place de la nouvelle stratégie industrielle de Vale-NC et de l'accompagnement financier de la multinationale minière " ajoute le site d’information de l’industrie minière australienne (MNN).
 

Pourquoi New Century Ressources ?

La candidature du producteur minier australien a été retenue par la branche nickel de Vale au Canada. C'est elle qui supervise le désengagement de la Nouvelle-Calédonie. L’examen de la reprise du site minier de Mount Isa, en 2016, dans le Queensland, à 2300 kilomètres de Nouméa, a été déterminant. Comme Vale s’est engagé à le faire en Nouvelle-Calédonie, la société chinoise MMG a soutenu financièrement un concept de réhabilitation économique du site minier. "Il a été conduit avec succès par le repreneur du site, New Century Ressources" a indiqué le journal australien The North West Star, dans un article publié en juin 2019.
 

Des poids lourds de la finance

La filiale australienne de Crédit Suisse, l’une des principales banques européennes, détient une participation importante dans l’opérateur minier australien qui est candidat exclusif à la reprise de Vale-NC. Un document récent, accessible sur le site de New Century Ressources, indique que Crédit Suisse a procédé à des opérations de marché et détient 11,87 % des droits de vote. Cette déclaration est obligatoire pour tout actionnaire significatif. Dans la partie de son site consacré aux investisseurs, Crédit Suisse affirme qu’il est devenu essentiel pour ses investissements "d’examiner les performances des entreprises selon des critères (ESG) prenant en compte l’Environnement, la Société et la Gouvernance". L’acquisition de Vale-NC répondrait à ses exigences.


Comme des "poupées russes"

Parmi les autres actionnaires de New Century Ressources figurent la banque australienne Macquarie, les banques américaines City et JP Morgan, la banque Sino-britannique HSBC, et enfin le Fonds d’investissement australien Fourth Nominees. Ces opérateurs financiers internationaux sont présents à la City et à la Bourse des métaux de Londres (LME). Ensemble, ils ont pris le train de la transition énergétique et du développement du marché des véhicules électriques. Pour cela, ils ont besoin du nickel et du cobalt produits par le grand complexe industriel du Sud, en Nouvelle-Calédonie.
 

Un négociant des métaux ?

Pour autant, tous les gros acteurs du dossier ne sont pas encore sortis du bois. Une source bien informée, a révélé à Outre-mer la 1ère, sous couvert d’anonymat, que l’un des plus importants négociants en métaux au monde serait intéressé par le complexe industriel calédonien, son usine et ses énormes réserves en nickel et cobalt. Il soutiendrait le projet de reprise par New Century. "Est-ce que l’un des grands du négoce mondial serait intéressé par cet outil de production de nickel et de cobalt (Vale-NC ndlr) en Nouvelle-Calédonie ? Pourquoi pas - a réagi Jean-François Lambert, consultant en investissement dans les matières premières - mais ce sera une question de prix et son intérêt sera d’autant plus grand que le prix sera bas, voire très bas".


Une semaine au LME

Pendant ce temps à Londres, le cours du nickel est resté stable, mais orienté à la baisse malgré un rebond en fin de semaine dernière. Les usines d’acier inoxydable de Chine ont annoncé des programmes de maintenance dans les prochaines semaines, réduisant leur consommation de minerai et de ferronickel. "L’intérêt des investisseurs pour le nickel et le cuivre a chuté, avec un chiffre d’affaires au plus bas depuis le 5 mai", a indiqué Alastair Munro analyste de Marex Spectron.

Les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, et le risque d’une seconde vague mondiale de Covid-19 font aussi craindre une baisse de la consommation de matières premières industrielles. Mais en fin de semaine, le cours du métal s’est repris. Il aura suffi pour cela d’une information annonçant la suspension, au Guatemala, d’un important projet dans le nickel. Le site minier de Fénix appartient au groupe Solway. La Cour constitutionnelle du pays a suspendu toutes les opérations minières, en attendant une consultation des communautés autochtones. Un projet suspendu, moins de nickel sur le marché, le cours du nickel est remonté…

Cours du nickel au LME de Londres, le 28/062020 à 23:50 GMT :
12.667 $/t + 1,52 %. Semaine - 0,63 %