A la différence de l'analphabétisme qui désigne la situation de ne pouvoir ni lire ni écrire parce qu'on ne l'a jamais appris, l'illettrisme concerne des personnes qui ont été scolarisées mais qui ont perdu cet apprentissage. Une situation qui toucherait 29 000 calédonien.ne.s, selon une enquête de l'Institut de la statistique et des étude économiques (Isee) datant de 2012. Pour des chiffres plus récents, il faut se baser sur les données récoltées par l'armée lors des Journées défense et citoyenneté (JDC) et sur les évaluations scolaires. Des chiffres bien plus préoccupants selon Yolande Verlaguet. "Au niveau des JDC, on est sur plus de 30 % des participants qui ont des difficultés de lecture et une bonne quinzaine de pour cent qui sont en très grande difficulté. On peut retrouver des situations d'illettrisme à peine à la sortie du système scolaire."
Un frein à l'intégration sociale et professionnelle
Pour beaucoup de personnes dans cette situation, l'illettrisme peut être source d'embarras et d'exclusion. "C'est une réelle difficulté en terme d'insertion personnelle déjà parce que des personnes illettrées ont beaucoup de difficultés à aller discuter, à pouvoir lire même un programme télé ou des informations basiques. En terme d'insertion professionnelle aussi car l'écrit est partout : quelque soit le métier, on a toujours besoin de savoir lire une note de synthèse, un mode d'emploi, un contrat de travail, rédiger un CV… donc c'est un vrai handicap social et professionnel". D'où la mise en place de dispositifs pour détecter et aider les personnes qui en ont besoin.
Lutter contre l'illettrisme au travail
C'est la thématique de l'édition 2022. Un employé sur cinq serait en situation d'illettrisme. Une problématique que les organismes de formation continue prennent de plus en plus en compte. "Dans le public, il y a des formations proposées par l'IFAP [l'Institut de formation à l'administration publique, NDLR] au titre de 'référent compétences essentielles'. De leur côté, les entreprises calédoniennes via le FIAF [Fonds interprofessionnel d'assurance formation] proposent des formations à leurs salariés car les entrepreneurs sont bien conscients que plus un ouvrier sera formé, plus il sera à l'aise avec l'écrit, mieux il pourra occuper d'autres postes dans l'entreprise et évoluer professionnellement". Et Yolande Verlaguet de conclure en encourageant les personnes concernées à dépasser leurs craintes. "Il n'y a pas de fatalité, il ne faut jamais abandonner. Il faut continuer à apprendre, continuer à lire, continuer à écrire parce que ça facilite la vie."
Un entretien à retrouver ici.