Indo-Pacifique : le poids des Outre-mer, suite de l’affaire des sous-marins…

On connait les causes de la résiliation du contrat d'achat de sous-marins de Canberra avec Paris, au profit de Washington. Une alliance lie désormais Australie, USA et Royaume Uni. Pourtant, ce dernier est bien moins présent dans la région que la France. Un atout ultramarin français mal exploité.

La France clame haut et fort qu'elle compte 1 million 600 000 habitants dans la zone Indo-Pacifique. Et qu’elle y a, l'essentiel de son immense espace maritime. Mais la résiliation du contrat de vente des sous-marins à l'Australie, et la constitution d'une nouvelle alliance régionale tripartite (USA, Australie, RU) sans les Français, montrent que cela n'a pas suffisamment pesé.

L’atout majeur des Britanniques : la base de Diego Garcia

Pourtant, le Royaume Uni fait partie de cette alliance. Il doit cela surtout à son unique territoire ultramarin de l'Océan Indien, Diego Garcia. Celui-ci abrite une grande base militaire.

Mikaa Mered, secrétaire général de la chaire Outre-mer de Sciences-Po Paris, professeur à l'Ecole de Guerre, en souligne l’importance cruciale. "C'est une base qui est située au cœur de l'Océan Indien et qui permet aux Etats-Unis et puis, du coup, à leur allié anglais, évidemment, de pouvoir rayonner sur l'ensemble de l'Océan Indien et de mieux le contrôler. Donc il y a une continuité qui est évidente entre les bases américaines du Pacifique, l'Australie, et puis cette base de Diego Garcia".

La France doit donner une valeur ajoutée géostratégique à ses Outre-mer pour compter dans la région

Avec 7 000 soldats et une présence militaire globalement limitée, la France est donc pour l'instant considérée comme un "partenaire junior", par les Australiens et les Américains dans la région, explique Mikaa Mered. Même si son domaine ultramarin y est bien plus important que celui des Britanniques. Dans le Pacifique, le seul territoire ultramarin du Royaume-Uni est Pitcairn, peuplé d’une cinquantaine d’habitants.

Si Paris veut changer la donne, il va falloir mettre le paquet en Outre-mer diagnostique l’expert. "Il ne tient qu'à la France aujourd'hui de réinvestir sur ses Outre-mer, de leur donner une plus grande valeur ajoutée d'un point géostratégique. On est vraiment là au-delà de la géopolitique, dans la géostratégie. Et ça, ça passe par le déploiement de moyens, le déploiement d'hommes. Et puis évidemment, la capacité de pouvoir utiliser les espaces ultramarins, sur lesquels il y a des bases militaires pour les alliés américains de manière beaucoup plus approfondie".

La coopération nécessaire avec l’Australie

En attendant, les coopérations de la France via ses Outre-mer, avec notamment l'Australie, devraient se poursuivre. Ne serait-ce que pour le contrôle des pêches illégales dans l'Océan Indien (un contrôle stratégique pour la Réunion), l'avenir des territoires français du Pacifique ( la Nouvelle-Calédonie avec le prochain referendum, Polynésie et Wallis-et-Futuna), et la gestion de l'Antarctique, en particulier de la Terre-Adélie.

Le point avec Bruno Sat et Bruno Gabetta :

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