Jacques Chirac et la Nouvelle-Calédonie : une longue histoire

Jacques Chirac a aimé la Nouvelle-Calédonie et ses habitants. En vingt-cinq ans, il y aura multiplié les voyages, officiels comme privés. Et marqué l’histoire politique du pays. 

La rencontre

Ce lien particulier avec la Nouvelle-Calédonie, c’est d’abord la rencontre en 1978 entre le jeune député Jacques Lafleur et un Jacques Chirac président du tout nouveau RPR. 
Naissance d’une amitié et d’une alliance politique (qui ne sera malmenée qu’en 1995 quand Jacques Lafleur décide de soutenir la candidature d’Edouard Balladur à la présidentielle).
Jacques Lafleur accueille Jacques Chirac à sa descente du Concorde à la Tontouta en septembre 1987

En 1978, il découvre la Nouvelle-Calédonie, début d’une passion ultra-marine.
Quatre ans plus tard c’est en tant qu’opposant au gouvernement socialiste qu’il revient et livre, cash, ses premières critiques.

« A la suite de ces magouilles, nous avons une représentation officielle et légale incontestable sur le plan des institutions mais qui indiscutablement ne correspond pas à la volonté de la majorité du territoire » (Nouméa, septembre 1982)

 

Le début des événements

En 1984, les évènements ont embrasé le pays. Celui qui est désormais leader de l’opposition à François Mitterrand n’oublie pas les Calédoniens. Sept mille anti-indépendantistes sont venus l’acclamer à Nouméa l’année suivante.

« Il n’y a pas de démocratie sans tolérance, sans l’ouverture sur l’autre, sans le respect de ce que l’autre pense, sans le respect des minorités. » (Nouméa septembre 1985)

 

Le premier ministre

En 1986 c’est comme premier ministre qu’il débarque à Tontouta.

« Premier voyage officiel depuis que je suis premier ministre, mais huitième voyage en Calédonie que je connais bien et que j’aime beaucoup » (Tontouta août 1986)

Un chef de gouvernement décidé à prôner le rétablissement de l’autorité de l’Etat. Quitte à flatter la fibre Bleu Blanc Rouge de son public.

« Je salue à travers vous la Nouvelle-Calédonie française. » (Nouméa août 1986)

1987 : le maintien dans la République plébiscité par un référendum boycotté par les indépendantistes, donne à ce séjour calédonien des allures de trompe-l’œil, loin d’apaiser les tensions.
Jacques Chirac à Nouméa en août 1986
 

Ouvéa

Car peu de temps après, c’est le drame de la prise d’otages et de l’assaut de la grotte d’Ouvéa. Une Nouvelle-Calédonie qui  s’invite dans le débat national des élections présidentielles. 

« Pendant qu’il y a eu les gouvernements socialistes, nous avons eu l’exaspération, nous avons eu trente-deux morts, des centaines de gens blessés, de maisons incendiées, de femmes violées. Voilà quel a été le résultat de votre politique. » (Débat face à François Mitterrand, mai 1988)

Le président de la République

Absent des négociations sur les accords de Matignon-Oudinot en 1988 puis de Nouméa en 1998, menés par les socialistes, c’est en 2003 que Jacques Chirac, président de la République, effectue son dernier voyage en Nouvelle-Calédonie.

« J’aime cette terre. J’y viens pour écouter les Calédoniennes et les Calédoniens. J’y viens aussi pour leur faire part de ma détermination à ce que l’Etat tienne sa place, toute sa place, dans l’application de l’accord de Nouméa » (Nouméa juillet 2003)

C’était le 23 juillet 2003, une visite présidentielle marquée par plusieurs symboles. Tout d’abord son discours de la place des Cocotiers devant plusieurs milliers de personnes :

« J’en ai pris l’engagement, et je le renouvelle. L’accord de Nouméa sera pleinement appliqué ».(Nouméa juillet 2003) 

Jacques Chirac a tenu à saluer la concorde retrouvée entre les différentes communautés.
Jacques Chirac avec des proches du RPCR et des maires du Nord en 2003.

Pour l’anecdote, lors d’une rencontre avec la jeunesse au centre culturel Tjibaou, Jacques Chirac avait dénoncé le caractère ethnique du recensement de la population prévu à cette époque.

« Cette idée de faire cocher une origine ethnique dans un document officiel est une idée proprement scandaleuse, et totalement contraire aux principes de la République » (CCT Nouméa juillet 2003)

Cette question sur l’appartenance à des communautés était le résultat d’une demande des indépendantistes pour évaluer notamment le rééquilibrage. La question avait donc été retirée du recensement de 2004, avant de faire sa réapparition plus tard. Cette année là, les indépendantistes avaient appelé au boycott du recensement.

Le récit de Bernard Lassauce 
©nouvellecaledonie

INTERVIEW RÉALISÉE EN JUILLET 2003 PAR PATRICK DURAND-GAILLARD