Une carrure de première ligne de rugby, mais la patience d’un joueur d’échecs. Voilà comment on pourrait résumer en deux mots l’impression que donne Ryan Tyack. À 32 ans, l’Australien est loin d’être un inconnu pour les passionnés de tir à l’arc. Il est l’un des rares athlètes présents aux Jeux du Pacifique à avoir obtenu une médaille olympique. C’était en 2016 lors de l’édition de Rio. Il y avait décroché le bronze par équipes.
Porte-drapeau de la délégation australienne, la présence de cette pointure du côté des arcs classiques n’est pas une bizarrerie. « Cet événement a une grande importance pour nous, parce que c’est le premier rendez-vous qualificatif pour les Jeux olympiques, précise Mark Wilson, responsable de l’équipe d’Australie de tir à l’arc. Pour cette première étape, il s’agit de nous ouvrir des places pour les JO. » En résumé, les Aussies n’ont pas le droit à l’erreur sans quoi, il n’y aura même pas de compétitions de qualification olympique en individuel l’an prochain, parce que le pays n'aura pas obtenu de quota olympique.
Prendre aussi de l’expérience
Donc c'est une équipe redoutable qui a été montée : « Les meilleurs ont été choisis pour participer ». Mais au-delà du cas de Tyack, les trois autres, un homme et deux femmes, n’ont jamais connu les Jeux olympiques, ni de grandes compétitions internationales. « C’est l’autre intérêt de ces Jeux du Pacifique pour nous, rappelle Mark Wilson. C’était une très bonne occasion d’aller concourir à l’étranger et de rencontrer d’autres archers. »
La Calédonie perd sa place de leader
Les Australiens contents de leur présence, mais celle-ci bouleverse les équilibres connus jusqu'à présent. Avec quatre archers, plus deux venus de Nouvelle-Zélande, quasiment aussi forts, il ne reste plus de place sur le podium pour les autres. Pour le premier jour de compétition mardi dernier, la Nouvelle-Calédonie, habituellement présente aux sommets, a dû se contenter des médailles en chocolat lors du tournoi Fita, classement général établi en fonction du score de chacun, après deux manches de 36 flèches. « Cette présence change tout, reconnaît Catherine Goujon, coach de l’équipe de Nouvelle-Calédonie en arc classique. Mais ça va nous booster. Concourir contre des archers de cette qualité, cela nous permet de monter aussi notre niveau. »
L’aide des sponsors
Ce sont des archers « très sûr d'eux », observe l’entraîneuse cagoue. « Il faut dire que ce sont des semi-professionnels. Ils tirent tous les jours quand nous, nous sommes de simples bénévoles avec des entraînements moins fréquents, le soir après le travail. Et puis, ils sont sponsorisés quand nous, on achète nous-même nos arcs. »
Pour avoir un ordre d’idée, chaque archer possède son propre arc, avec un coût de près de 215 000 francs pièce. Prix auquel il faut ajouter le transport et les taxes.
Le tir à l’arc rejoint le taekwondo et la voile
L’Australie, comme la Nouvelle-Zélande, sont membres associés du conseil des Jeux. Si le débat sur leur participation remonte aux années 1960 et aux premiers Jeux, ils n’ont fait leur apparition qu’en 2015 en Papouasie-Nouvelle-Guinée et seulement dans une poignée de disciplines.
Aux Salomon, cette année, les Australiens sont présents en voile, aux taekwondo, au judo ou encore au tir à l’arc. Et, sauf à la voile, toujours chasse gardée de la Nouvelle-Calédonie, ils dominent les autres disciplines où ils sont présents.