Deux mauvaises nouvelles de plus, en cette fin d’année. Dans un communiqué diffusé ce vendredi 27 décembre, l’Agence rurale prévient que ses aides à l’agriculture et à la pêche “seront suspendues à partir du 1er janvier 2025 pour toutes les productions à venir”. Elle annonce aussi que "la crise actuelle et le manque de visibilité sur les recettes ne [permettent] pas la construction du budget primitif 2025".
Cette situation inédite est la conséquence directe des contraintes budgétaires et de trésorerie auxquelles sont confrontées les collectivités et les établissements publics du territoire.
Communiqué de l’Agence rurale, le 27 décembre 2024
Recettes en attente
Cet établissement public de la Nouvelle-Calédonie est financé par des recettes fiscales que lui reverse le gouvernement local. En 2023, le budget se montait à 4,3 milliards de francs CFP. Pour 2024, non seulement il a fallu renoncer à fonctionner avec les mêmes sommes, mais seulement la moitié de l'enveloppe finalement escomptée a été perçue à ce jour. "La Nouvelle-Calédonie, ayant des difficultés de financement, a indiqué verser une subvention d'1,7 milliard, parce que l'Agence rurale avait un fond de roulement conséquent", explique Victor Tutugoro, son président depuis le 22 novembre.
"Situation de trésorerie très difficile"
"On a fonctionné avec cette enveloppe", continue le représentant de la province Nord. Sauf que la Nouvelle-Calédonie n'a pas pu s'acquitter du complément. Au-delà du manque de recettes pour l'exercice 2024, il y a l'incertitude sur le financement pour 2025. Dans ce contexte, "le conseil d'administration a estimé qu'il était primordial de suspendre les aides en 2025. Nous sommes dans une situation de trésorerie très difficile aujourd'hui, qui ne permet pas de subvenir aux aides de régulation des produits."
Dans le monde de l’agriculture et de la pêche, c’est double peine. Depuis la crise du 13 mai, on avait déjà une forte baisse de la consommation. On a eu des difficultés à terminer l'année, à écouler notre production.
Jean-Christophe Niautou, président de la Chambre d'agriculture et de la pêche
Un risque réel pour la filière porcine
"Ces mécanismes ont été mis en place, non pas pour faire des surchiffres d’affaires, mais pour protéger le consommateur", insiste Jean-Christophe Niautou, qui préside la Chambre d'agriculture et de la pêche. "Les dispositifs de l’Agence rurale sont multiples et sur plusieurs filières. De manière générale, ils permettent de faire des compléments de prix et de les rééquilibrer pour assurer, dans la mesure du possible, un niveau de rentabilité pour les exploitants, les pêcheurs ou les aquaculteurs", sans alourdir la facture pour les Calédoniens. Et il alerte : la filière porcine, en particulier est suspendue à ce système d’aides. Sans elles, c'est "la moitié des exploitations qui disparaîtront."
Née il y a cinq ans
L’Agence rurale, qui existe depuis 2019, est née de la fusion entre l’Erpa (Établissement de régulation des prix agricoles) et l'Apican (Agence pour l’indemnisation des calamités agricoles ou naturelles). Elle intervient pour réguler les prix, prévenir les risques ou encore indemniser les professionnels.