Le "dragon indonésien, comme il est surnommé parfois, développe une filière intégrée allant de la mine à la production de batteries, et demain d’automobiles électriques. Profitant des difficultés de ses concurrents, l’Indonésie se veut " business friendly".
L'Indonésie, qui est entrée dans le Top 10 des grandes puissances économiques mondiales, a annoncé avoir signé un accord de 9,8 milliards de dollars (8 milliards d'euros) avec le groupe sud-coréen LG pour produire des batteries au lithium destinées aux véhicules électriques. LG fait partie d’un conglomérat industriel qui comprend Korea Zinc. Ce dernier avait envisagé de participer à la reprise de l’usine du Sud en Nouvelle-Calédonie, à 6200 kilomètres de l'Indonésie.
Investisseurs bienvenus
En partenariat avec la Corée du Sud, mais aussi avec la Chine, l’Indonésie ambitionne de devenir un centre international de technologie écologique. Les batteries au lithium nécessitent du nickel, dont l'Indonésie est le premier producteur mondial.
Le projet avec LG commencera à être mis en œuvre en février et comprend l'implantation d'une mine et d'une usine hydro métallurgique dans l'archipel des Moluques (Est), a expliqué le président du Conseil de coordination des investissements (BKPM) de l’Indonésie, Bahlil Lahadalia.
LG "détient le marché et la technologie. Mais l'Indonésie a des réserves extraordinaires de matières premières", a-t-il insisté. "Si nous combinons les deux, je crois que cet investissement fera de nous l'un des principaux acteurs mondiaux". L’Indonésie veut devenir le "roi" de l’industrie de la voiture électrique a conclu M.Lahadalia.
Eldorado du nickel
D'autres groupes étrangers, dont le Chinois TSINGSHAN ou encore CATL et CHEM, investissent en Indonésie dans des usines de fabrication de batteries utilisant du nickel. Un autre projet, porté par l’allemand BASF et le français ERAMET est destiné à la filière européenne des voitures électriques. Selon des informations de presse, le constructeur américain de véhicules électriques TESLA pourrait également être intéressé par un investissement en Indonésie. Le futur géant économique de l’Asie du Sud-Est s’est engagé à rendre la chaîne d’approvisionnement des batteries respectueuse de l’environnement dans sept à huit ans, sans toutefois obliger ses investisseurs asiatiques à renoncer à la pratique controversée des rejets miniers en mer.
Flambée des prix à Londres
Les prix du nickel ont atteint des sommets, alors que des inquiétudes concernant les approvisionnements ont refait surface, après un tremblement de terre en Indonésie. Aux Philippines, des pluies torrentielles ont perturbé ces dernières semaines la production de nickel, mais le pays devrait retrouver cette année sa place de premier exportateur mondial de minerai. Comme une division des rôles avec son voisin indonésien. Plus généralement, le nickel a été stimulé par un dollar plus faible et une activité manufacturière robuste en Chine et en Europe.
"Les tremblements de terre en Indonésie et les pluies aux Philippines ont déclenché l'achat de nickel, mais c'est une réaction instinctive et je ne suis pas sûr que ces niveaux de prix (18.235 dollars la tonne ndlr) puissent être maintenus, car la production n'a pas vraiment été affectée", a déclaré Andy Farida analyste de Fastmarkets (Metal Bulletin) à Londres.
Vendredi, le marché londonien des métaux (LME) semblait rejoindre les vues de l’analyste. Le nickel a baissé, tout en conservant une forte hausse hebdomadaire.
Cours du nickel au LME de Londres, le 08/01/2021 à 17:50 GMT : 17.652 dollars par tonne -2,52 % semaine +6,45 %