C'est la première fois que la Chine fait part, aussi ouvertement, de ses intentions dans le Pacifique. Selon des documents obtenus, mercredi 26 mai, par l'Agence France Presse (AFP), un projet d'accord de libre-échange et de sécurité ainsi qu'un plan de mise en œuvre sur cinq ans, feront l'objet de discussions à l'occasion d'une visite du ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, dans plusieurs pays du Pacifique Sud, à partir de jeudi.
Dans le cadre de cette initiative, la Chine proposerait des millions de dollars d'assistance à dix états insulaires de la région, la perspective d'un accord de libre-échange ainsi que la possibilité d'accéder au vaste marché chinois avec ses 1,4 milliard de consommateurs. En retour, la Chine se chargerait de former les forces de police et s'impliquerait dans la cybersécurité locale. Elle pourrait par ailleurs réaliser des opérations sensibles de cartographie marine et obtiendrait un meilleur accès aux ressources naturelles locales.
Certaines capitales tirent la sonnette d'alarme
L'adoption de cette "vision commune de développement", nom donné au projet d'accord, pourrait avoir lieu, lundi 30 mai, à l'occasion d'une rencontre entre Wang Yi et les ministres des Affaires étrangères de la région, devant se tenir aux îles Fidji. Mais déjà, certaines capitales ont commencé à tirer la sonnette d'alarme.
Dans une lettre adressée à ses collègues du Pacifique Sud, le président des Etats fédérés de Micronésie, David Panuelo, a mis en garde contre un accord "attrayant" à première vue, mais susceptible de permettre à la Chine "d'acquérir accès et contrôle sur notre région". Qualifiant les propositions d'"insincères", David Panuelo y estime qu'elles "garantiraient une influence chinoise au sein du gouvernement", un "contrôle économique" chinois sur certaines industries clé ainsi qu'une "surveillance de masse" des appels téléphoniques et messages électroniques locaux.
Un émissaire chargé de la formation des diplomates
Le Pacifique Sud est de plus en plus un théâtre de forte concurrence entre la Chine et les États-Unis, première puissance de la région, depuis des décennies. Pékin a cherché ces derniers mois à accroître sa présence militaire, politique et économique dans le Pacifique sud, mais n'a fait jusqu'à présent que des progrès limités et inégaux. Le plan de coopération, s'il était accepté, pourrait représenter en revanche un tournant majeur, facilitant notamment un certain nombre d'opérations de police ou militaires.
En outre, les vols entre la Chine et les îles du Pacifique seraient multipliés, Pékin nommerait un émissaire régional, assurerait la formation des jeunes diplomates du Pacifique et fournirait 2 500 "bourses" gouvernementales.