La lèpre, une maladie silencieuse toujours d’actualité

L'Ordre de Malte organise une collecte en faveur des malades de la Lèpre ce week-end.

La Nouvelle-Calédonie recense officiellement 68 malades de la lèpre. Si la maladie fait peur, elle se soigne pourtant bien, mais encore faut-il se faire dépister. Zoom sur cette pathologie, à l’occasion de la Journée mondiale des lépreux.

C’est une maladie toujours taboue et dont on parle peu. La lèproserie de Ducos a certes fermée ses portes en 2016 faute de patients (seuls deux, guéris, étaient encore hébergés par la structure), mais le pays compte encore 68 malades.

Un chiffre officiel – la maladie étant à « déclaration obligatoire » – mais peut-être en dessous de la réalité selon le Dr Jean-François Lepetit, responsable des actions médicales de l’ordre de Malte en Nouvelle-Calédonie : « La personne qui est atteinte de la lèpre peut très bien l’ignorer pendant longtemps puisque l’incubation peut durer vingt ans. » De plus, les contraintes et idées reçues liées à la lèpre font que « la plupart du temps, le malade sera réticent à se déclarer lépreux parce que cela entraîne tout un tas de chose qu’il juge désagréable », souligne le médecin.

Une maladie facile à traiter

Pourtant, le traitement – une combinaison de plusieurs antibiotiques – permet de stopper la contagion et de guérir le patient en six à douze mois, selon les caractéristiques du ou des bacilles qui ont infecté le patient. 

La maladie est par ailleurs relativement facile à identifier, explique le Dr Jean-François Lepetit : « C’est un diagnostic de coup d’œil. Il y a deux signes essentiels, ce sont des taches cutanées et des déformations, des paralysies, des extrémités : mains et pieds. Les taches cutanées sont achromiques, c’est-à-dire qu’elles sont pales, et elles sont insensibles. Donc une tache blanche sur la peau et insensible, ça doit éveiller l’attention et pousser à aller plus loin dans les investigations.  D’autant plus si cette tache est associée à des fourmillements, une insensibilité ou une paralysie de la main ou du pied. »

 

Il faut des veilleurs qui puissent reconnaître les signes et qui puissent alerter.

Dr Jean-François Lepetit

 

Développer un réseau de veille dans les communautés

Pour prévenir l’apparition de nouveaux cas, l’ordre de Malte propose la formation de « veilleurs qui puissent reconnaître les signes et qui puissent alerter. Une fois que cette alerte aura été donnée, les acteurs de la santé interviendront et jugeront s’il est nécessaire de passer au dépistage actif de toute la collectivité ou si juste le traitement des personnes touchées suffit. »

Enfin, rappelle le Dr Lepetit, «  les règles d’hygiène habituelles sont d’excellents moyens d’éviter la contagion. »

L’antenne locale de l’Ordre de Malte participe ce week-end à la collecte internationale en faveur des lépreux. Ses bénévoles organisent donc une quête samedi et dimanche, notamment devant des enseignes de la grande distribution.
 

Le dr Jean-François Lepetit, invité de Malia Noukouan

 

Le reportage d'Alix Madec et Ondine Moyatea :