La Voix indigène rejetée par 60% d'Australiens

Le Non l'a finalement emporté avec 60% des votes.
Les sondages avaient finalement raison, le projet de changement de Constitution a été rejeté à près de 60%. Les réactions en Australie et sur le Caillou.

Le réveil est sûrement un peu rude ce matin pour les partisans du oui à la création de La Voix indigène au Parlement australien.

Les sondages au final avaient raison, le projet de changement de Constitution a été rejeté à près de 60%.

Le premier référendum du millénaire dans le pays passe donc au rebut. Tous les Etats et les territoires ont rejeté la proposition, à l'exception de l'ACT, Australian Capital Territory, territoire de la capitale, Canberra. Il fallait sous le régime de la double majorité, en plus de gagner le vote général, avoir la victoire dans quatre des six Etats australiens, ce qui a très vite tourné au vinaigre pour les partisans du Oui.

Les critiques ont rapidement fusé sur la gestion de leur campagne et le gouvernement devra très certainement tirer des leçons de cet échec.

Le 45e référendum de l'histoire australienne se solde donc par un rejet, tout comme 37 autres avant lui. En effet, en 122 ans d'existence, seuls 8 référendums ont été acceptés.

Célébrations sobres

Dans le camp des vainqueurs, celui du non, on se félicite de la victoire mais sans exubérance. Les célébrations hier ont été plutôt calmes, pas de grand meeting, quelques déclarations, plutôt de la bienveillance de la part des leaders, mais c'est à peu près tout.

Chez les perdants, en revanche, on fait son mea culpa, à commencer par Anthony Albanese, le Premier ministre australien : "Quand on prend des décisions dures, parfois on échoue et ce soir je prends connaissance de cet échec. En tant que Premier ministre, je prendrai toujours mes responsabilités pour mes décisions, et c'est ce que je fais ce soir."

Du côté de la représentation autochtone on ne cache pas sa déception. "C'est un moment très triste dans l'histoire de notre pays. Avec la majorité des Australiens qui ont voté non, à mon avis il faudra encore attendre au moins deux générations de plus pour que les Australiens soient capables de dépasser leur passé colonial et de reconnaître que nous existons", a déclaré la professeure Marcia Langton, porte-parole aborigène du oui.

C'est un moment très triste dans l'histoire de notre pays.

Marcia Langton, porte-parole aborigène du oui.

L'heure est maintenant à la reconstruction. La tâche étant de s'assurer que ce résultat ne soit pas un coup de canif dans le contrat vers une réconciliation voulue, d'une manière ou d'une autre, par toutes les parties.

Réactions sur le Caillou

En Calédonie, le résultat n'a pas manqué de faire réagir les élus. Pour Daniel Goa, le président de l'UC, "c'est incroyable. Les Aborigènes, c'est un peuple et ils étaient là avant. Même s'ils sont rendus minoritaires chez eux, on ne peut pas passer à côté sans les voir. Il faut les prendre en compte dans les cercles de décision. On voit que l'Australie est demeurée au stade du colonialisme. Mais 40%, c'est déjà un début." Pour Laurie Humuni, du RDO, "ce n'est pas un échec, c'est une première étape vers la reconnaissance du peuple autochtone".

Ce référendum montre à quel point nous sommes chanceux d'être un territoire français.

Laura Vendegou, du Rassemblement-LR. 

Le porte-parole des Loyalistes Gil Brial, lui, y voit une façon de mettre en avant la position "exemplaire" de la France en matière de décolonisation : "Ça nous permet de voir que la position des indépendantistes, qui passent leur temps à vomir sur la France dans les instances internationales est injuste. Parce que dans l'accord de Nouméa qui a été constitutionnalisé, on reconnaît le peuple kanak, on a créé l'instance du Sénat coutumier, qui est l'équivalent de La Voix que proposaient les Australiens."

"Ce référendum montre à quel point nous sommes chanceux d'être un territoire français car l'identité et la culture kanak transpirent dans toutes les institutions calédoniennes", souligne Laura Vendegou, du Rassemblement-LR. 

Pour Calédonie ensemble, c'est une occasion manquée et ce vote ne donne pas une image positive de l'Australie. 

Les réactions recueillies par Dave Waheo-Hnasson et Carawiane Carawiane : 

©nouvellecaledonie

Le député Nicolas Metzdorf estime que "cette victoire du non est la victoire de l’universalisme contre le communautarisme. Les Australiens ont évité le piège dans lequel s’est enfermé notre pays depuis plusieurs décennies, celui d’un territoire qui se définit par ses ethnies et non pas par son sentiment d’appartenance à une même terre et aux mêmes valeurs". "Puisse le choix des Australiens inspirer celui des responsables politiques indépendantistes pour la future Nouvelle-Calédonie. Celle d’une terre où il y aurait avant tout des Calédoniens, sans distinction ethnique", poursuit-il.