Pour mettre en avant la possible portée rituelle du corail, les chercheurs s'appuient sur des indices qui laissent peu de place au doute.
Il y a par exemple des dépôts de coraux, soit de blocs soit de branches de corail qu’on retrouve à des centaines de mètres d’altitude, parfois à des kilomètres de la mer, qui ne peuvent être que des dépôts intentionnels.
Louis Lagarde, archéologue et organisateur du séminaire
Pérenniser les relations coutumières ?
Ces dépôts sont localisés à plusieurs endroits en Nouvelle-Calédonie. Jusqu'ici, les plus connus se trouvent à Canala ou encore à Goro. Pour le reste, difficile d'expliquer avec certitude ce pour quoi le corail était acheminé à plusieurs centaines de mètres d'altitude. "On a des pistes d’interprétation, avance Louis Lagarde, par exemple on peut penser que ça peut être des dépôts pour rendre des pratiques de pêche propices dans certains environnements, ça peut être aussi parfois pour des simulacres de tas d’offrandes où des gens amèneraient des poissons, des tortues etc, et, le corail venant de la mer, étant pérenne donc non périssable, permettrait de pérenniser ces relations coutumières traditionnelles."
Nouvel axe d'étude
Si aucune conclusion ne peut encore être tirée, c'est en partie parce que le travail sur la portée rituelle des coraux n'en est qu'à ses débuts sur le Caillou.
C’est un angle qui a très peu été abordé en Calédonie par rapport à la Polynésie où le corail est très présent dans leur architecture. Ici nous commençons à nous questionner depuis quelques années seulement quand il est trouvé dans des contextes allochtones, très éloigné de ses lieux d’origine. C’est vraiment un axe de recherche que nous commençons à mener depuis quelques temps.
Jean-Marie Wadrawane, archéologue et coorganisateur
Les deux chercheurs souhaitent désormais qu'à l'avenir, les chantiers de fouilles prennent plus en considération la présence du corail dans les sites archéologiques.
Le séminaire sur l'aspect rituel du corail, par Valentin Deleforterie