Après avoir fustigé pendant des mois la politique du président indépendantiste Louis Mapou, les membres Loyalistes et Rassemblement du gouvernement semblent avoir enterré la hache de guerre, au moins provisoirement. Ce 3 mai, ils étaient présents au point presse du gouvernement collégial pour présenter le plan de relance de l’économie calédonienne.
Aucun chiffre n'est avancé pour le moment. L'exécutif a décliné uniquement sa stratégie, en quatre grands axes :
- La relance par la consommation
- La relance par l’investissement
- Le soutien à la trésorerie des entreprises
- Le soutien à l’emploi et au maintien des compétences
Booster la consommation des Calédoniens
Le gouvernement a identifié plusieurs leviers d’actions pour "stimuler les dépenses des ménages" : la fiscalité, la maîtrise des dépenses, le pouvoir d’achat, l’amélioration du cadre de vie et le développement d’une énergie durable.
Pour ce qui est de la fiscalité, plusieurs mesures sont envisagées, comme des réductions d'impôts pour les particuliers et des incitations fiscales à la consommation. L'exécutif vise aussi une meilleure maîtrise des dépenses avec une diminution des frais de gestion de la Cafat ou encore une participation forfaitaire des assurés de 100 francs par boîte de médicaments.
Pour relancer le pouvoir d'achat, le gouvernement liste également des mesures telles que la réduction des droits de douane pour les pays de la zone ou la régulation de la fluctuation des prix des fruits et des légumes.
Favoriser l'investissement
Pour le gouvernement, la relance doit passer par de grands projets d'investissement : la 2x2 voies entre Nouméa et Tontouta, la modernisation des infrastructures du Port autonome ou encore la construction de deux stations de transfert d'énergie par pompage, pour stocker la production d'énergies renouvelables.
Un cadre fiscal incitatif pourrait être défini pour les filières dites "d'avenir" comme la tech, l'environnement, l'industrie ou encore la culture. Autre mesure envisagée : la création d’une cellule d’urgence économique entre les institutions pour accélérer l’investissement privé.
Si le gouvernement Mapou n'abandonne pas la possibilité d'augmenter la fiscalité sur les hauts revenus, certaines charges sur les employeurs pourraient être abaissées pour favoriser l’investissement.
Soutenir la trésorerie des entreprises
Dans ce contexte économique difficile, la trésorerie des entreprises est souvent à flux tendu. Maintenir ces sociétés à flot pour préserver l'emploi est "crucial" pour le gouvernement. "Cela peut se faire par le biais de prêts à des conditions avantageuses, de reports ou de réductions d'impôts, de subventions directes ou de programmes de garantie de prêts", énonce l'exécutif dans son dossier de presse.
Le régime de "Duty free" pourrait être généralisé à tous les commerces. Autre piste : permettre des accords entre entreprises pour prolonger les délais de paiement.
Maintenir les compétences et soutenir l'emploi
Pour préserver les emplois actuels et en créer de nouveaux, plusieurs mesures sont avancées par le gouvernement, comme la possibilité de subventions à l'embauche ou la réduction de charges sociales pour les entreprises.
Afin de maintenir les compétences, l'exécutif évoque le lancement d'un grand plan de formation professionnelle pour les métiers d'avenir.
Une conférence économique et sociale
Ces mesures, qui ont été listées par chaque membre du gouvernement en fonction de son secteur, seront présentées dans le détail et discutées avec les acteurs du monde économique et social au cours d'ateliers de travail prévus au mois de mai.
La restitution de ces travaux se fera lors d’une grande conférence économique et sociale qui se tiendra le 30 mai prochain. L'idée est d'aboutir, de manière concertée, à un projet définitif de plan de relance économique et de mettre en œuvre ses mesures dès que possible. Cela pourrait se faire sous la forme d'une nouvelle conférence, qui se tiendrait au second semestre 2024.
Le reportage d'Erik Dufour et Nicolas Fasquel