Mercredi 30 octobre, la commission des lois de l'Assemblée nationale a approuvé le report des élections provinciales.
Prise de parole de Nicolas Metzdorf
Nicolas Metzdorf, député de la 1ère circonscription de la Nouvelle-Calédonie, a pris la parole avant le vote du projet de loi. Selon lui, "les difficultés" connues aujourd'hui n'ont "pas commencé par l'examen du projet de loi sur le corps électoral à l'Assemblée nationale". C'est en raison d'un manque "d'accord depuis le troisième référendum de 2021" que le dégel du corps électoral a été évoqué. "Je rappelle que la Nouvelle-Calédonie a choisi d'être française en 2018, 2020 et 2021." À la suite de ces "trois référendums des discussions boycottées par le parti indépendantiste le plus radical" ont eu lieu. "Aucune volonté de ce parti n'a été mise sur la table pour trouver un accord politique depuis 2021. Et c'est pour cela, que le gouvernement est venu avec le projet du dégel électoral qui n'est plus ni moins qu'un droit de vote", explique l'élu loyaliste."C'est quand même dingue que l'on débatte du droit de vote de Calédoniens nés en Nouvelle-Calédonie ou installés depuis plus de vingt ans", s'indigne-t-il.
"Prendre ses responsabilités en novembre 2025" ?
Le député interpelle le camp indépendantiste : "Ma question est simple, est-ce que notre partenaire le plus dur en face de nous va vouloir de cet accord ou pas ? S'il n'en veut pas, il va falloir prendre ses responsabilités en novembre 2025 encore une fois".
Il termine sur un ton acerbe. "Pour ceux que cela intéresse, je vous conseille la lecture du discours de Daniel Goa, président de l'Union calédonienne de ce week-end. Si vous trouvez, une volonté d'apaisement et de dialogue dans ce texte, vous me faites un petit mail."
Discours d'Emmanuel Tjibaou
Emmanuel Tjibaou, député de la seconde circonscription de la Nouvelle-Calédonie s'est exprimé à son tour. "Si le 13 mai 2024, jour de déclenchement des émeutes, a drapé d'un voile noir, l'héritage de 36 ans de paix sociale, cette date marque aussi le deuil de la volonté de faire consensus dans l'accompagnement de l'État vers la sortie de l'accord de Nouméa". Il est également revenu sur les conséquences des exactions. "Cinq mois après, le bilan est sombre. 2 milliards d'euros de dégâts, 6 000 emplois perdus, destructions d'infrastructures publiques, trois usines à l'arrêt, 3 000 arrestations, 11 civils tués, 2 gendarmes, nous ne mesurons pas encore l'ampleur du chaos dans lequel nous avons été emportés", déplore l'élu indépendantiste. "Aujourd'hui plus qu'hier, la responsabilité du politique est portée parce que nous n'avons pas pu, nous n'avons pas su, faire aboutir la voix de la raison" alerte-t-il de manière grave.
Plus de "décisions unilatérales depuis Paris"
"Nous ne restons pas dupes des déclarations qui ont été faites par le Premier ministre sur la non-soumission du projet de loi constitutionnelle relatif au dégel du corps électoral. De la mission qui sera prochainement conduite par le président des deux chambres parlementaires, émerge de part et d'autre la volonté d'appréhender autrement la situation que par des décisions unilatérales depuis Paris." Emmanuel Tjibaou fait ici référence à la délégation du gouvernement conduite par Louis Mapou qui se rendra à Paris du 15 au 22 novembre. Au programme, des rencontres avec le ministère des Outre-mer, la Banque des Territoires, l'Agence française de développement mais aussi des déplacements à l'Élysée et à Matignon. Cette visite s'inscrit dans le cadre d'une aide financière pour la reconstruction de la Nouvelle-Calédonie.
L'élu indépendantiste conclut son discours ainsi : "Quand on est issu d'un peuple colonisé depuis des millénaires, on aspire à recouvrer sa liberté, ôtée depuis 170 ans c'est pourquoi je me prononcerai favorablement sur le report de ces élections."
La commission des lois de l'Assemblée nationale avait jusqu'au 17 novembre pour adopter une proposition de loi organique permettant le report des élections provinciales.
Plus d'informations dans le reportage d'Emmanuel Gire.