"Quand une grande enseigne fait de la publicité pour un gigot à 9 euros le kilo [environ 1 000 francs CFP] sans préciser que c'est forcément d'un pays tiers [hors Union européenne], donc très vraisemblablement de Nouvelle-Zélande, pour nous, c'est de la concurrence promotionnelle complètement déloyale", indique à l'AFP Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine, branche de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles.
Par ailleurs, "il n'y a pas d'indication sur le mode de conservation ou la date d'abattage. Or, on peut trouver de l'agneau réfrigéré, sous atmosphère contrôlé, qui va se retrouver dans le rayon frais alors que l'agneau a été abattu en décembre ou janvier et a fait 10 ou 12 semaines en bateau dans un container à 2°C", poursuit-elle.
"On sait qu'il faut des importations", mais...
"On sait que la production française ne couvre qu'environ la moitié de la consommation française et qu'il faut des importations", remarque la responsable. "Ce qui nous gêne, c'est la concurrence déloyale."
En raison d'un manque d'offre, les prix de vente des éleveurs français de brebis sont à un niveau record. Selon l'organisme public FranceAgriMer, en mars, en grandes et moyennes surfaces, le prix moyen du gigot produit en France est de près de 23 euros [environ 2 700 francs CFP] le kilogramme.
Mais cette embellie n'apporte pas grand-chose si les éleveurs continuent à disparaître, remarque Michèle Boudoin. Le nombre d'exploitations ovines et caprines a en effet baissé de 36% entre 2010 et 2020 et leur revenu est parmi les plus faibles des filières agricoles (le revenu courant avant impôt des éleveurs de chèvres et de brebis était de moins de 20 000 euros - 2,4 millions de francs CFP - par an en 2022).
Augmentation du volume d'importation en vue
Comme la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole, la Fédération nationale ovine dénonce le nouvel accord entre l'Union européenne et la Nouvelle-Zélande, qui entre en vigueur le 1er mai. Le texte prévoit d'augmenter de 38 000 tonnes équivalent carcasses, le volume d'importation de viande ovine autorisé sans droits de douanes, actuellement fixé à 125 769 tonnes
Cet accord "va créer un appel d'air supplémentaire à l'importation", estime la Confédération dans un communiqué publié mercredi.
"Quelle absurdité d'importer de l'autre bout de la planète des agneaux qui pourraient être produits" en France, ajoute l'organisation, demandant "des prix minimums d'entrée sur le territoire national fixés à la hauteur de nos prix de revient, pour neutraliser la concurrence déloyale".