Les mesures urgentes pour sauver la Caisse locale de retraites, vues par les syndicats et les fonctionnaires

Document de la CLR, la Caisse locale de retraites.
Passer peu à peu l'âge de la retraite à 62 ans pour les fonctionnaires territoriaux, faire payer l'embauche de contractuels à travers une nouvelle contribution… Le gouvernement calédonien vient d'annoncer d'autres propositions pour sauver la CLR d'un désastre imminent. Les réactions sont mitigées, tant du côté des syndicats que de fonctionnaires en activité.

Qu'en disent les premiers concernés ? Tour de table, après les nouvelles annonces du gouvernement pour sauver la Caisse locale de retraites. Sous le coup d'un déficit structurel, elle risque encore une rupture de trésorerie dans les mois à venir.

>> Pour connaître les mesures en question, lisez cet article.

"Où est-ce que ça va s'arrêter ?"

A 42 ans, Thibault Hippocrate est encore loin d'avoir l'âge de la retraite. Si la réforme envisagée par le gouvernement est adoptée, il enseignera deux ans de plus. Ce professeur d'histoire-géo au lycée du Mont-Dore accepte de cotiser plus longtemps, mais s'interroge sur les conséquences. Sa future condition physique, ou le décalage qui risque de s'accentuer avec son jeune public.

Solidarité mêlée d'inquiétude, également, pour Thierry Eric, vérificateur des impôts à la direction des services fiscaux. Entré dans la Fonction publique tardivement, il prendra sa retraite à 67 ans, voire plus. "Personnellement, je ne me vois pas être encore au travail à 67 ans et assumer mon poste, sauf si je suis apte physiquement. Mais on aura passé toute une vie au travail. Pourquoi pas 70 ans ? Où est-ce que ça va s'arrêter ?"

La Fédé veut aller plus loin contre l'embauche de contractuels

Côté syndicats, "on écope une barque qui prend l'eau sans s'occuper de réparer la brèche", réagit Joao d'Almeida, joint par Malia Noukouan. "La difficulté principale de la CLR est qu'elle a de moins en moins de cotisants et de plus en plus de retraités", insiste le secrétaire général du syndicat des retraités au sein de la Fédé. "Pour une caisse à répartition, c'est un paramètre essentiel", ajoute celui qui cible le recrutement de contractuels sur des postes de fonctionnaires. "En dehors du problème du vieillissement de la population, la situation en Nouvelle-Calédonie s'aggrave par le fait de pratiques de recrutement des employeurs. Lorsqu'un poste est créé ou qu'un retraité part, au lieu de recruter des fonctionnaires, on recrute des contractuels."

Afin de combattre cette tendance, le gouvernement prévoit de créer une sorte de taxe qui sera exigée des employeurs concernés. Pas suffisant, pour Joao d'Almeida. "Nous, on a demandé à ce qu'on modifie la loi de manière à ce que le recrutement en CDI soit interdit. Aujourd'hui, il est autorisé alors que par ailleurs, l'article de loi dit que tout poste permanent doit être occupé par un fonctionnaire. C'est une aberration et c'est suicidaire de continuer comme ça."

Le SRT pense que le temps manque

Du côté du Syndicat des retraités territoriaux, Dominique Frontier insiste : selon lui, c’est maintenant, qu’il faut appliquer les mesures. "Il faut que les 62 ans soient impératifs", martèle le délégué du SRT, interrogé par Caroline Antic-Martin et Gaël Detcheverry. "Là, ils vont se passer en six ans. Or, la directrice de la CLR a écrit : vous avez 1 040 fonctionnaires actuellement pour les conditions de départ à la retraite. Actuellement, on est dans la mouise avec 260 départs à la retraite par an. Si jamais les 1 040 partent en deux ans, c'est-à-dire plus de 500 par an, la CLR est en faillite. Si on ne veut pas prendre de mesure drastique, on assume..."


 

La CFE-CGC attend les mesures d'attractivité

À l’inverse, "on avait demandé au départ à ce que ce report se fasse sur huit ans", précise Fabienne Kadooka pour l'UT CFE-CGC, au micro de Marguerite Poigoune. "Le gouvernement avait proposé quatre ans. On a coupé la poire en deux et accepté un report sur six années progressives, pour arriver à un départ obligatoire à 62 ans pour pouvoir prétendre à une retraite."

Mais d'insister : "On a bien stipulé que ce texte va être examiné en même temps que des mesures qui vont rendre la Fonction publique de Nouvelle-Calédonie attractive. Parce que si on a des soucis [avec la CLR] aujourd'hui c'est, d'une, parce que certains employeurs ne paient pas leurs cotisations et, de deux, parce qu'elle est structurellement déficitaire." Or, renchérit-elle, résoudre ce déficit demande d'augmenter le fameux ratio cotisant / retraité. Donc de donner envie de rejoindre la Fonction publique territoriale.

Synthèse dans ce reportage de Caroline Antic-Martin et Gaël Detcheverry

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