Liquidation du groupe Melchior : quel avenir pour les salariés licenciés ?

La liquidatrice judiciaire compile dans ces milliers de pages les informations relatives à la procédure en cours.
La liquidation judiciaire du groupe laisse peu de perspectives aux 107 personnes licenciées. En attendant la fin de la procédure, les ex-employés tentent de rebondir comme ils peuvent.

Son CV n’avait pas été mis à jour depuis 15 ans. Pierrick Chatel était journaliste aux Nouvelles calédoniennes. Désormais au chômage, ce père de famille multiplie les efforts pour retrouver un emploi, quitte à changer de voie. "Si c'est dans le journalisme tant mieux, parce que c'est le métier qu'on a choisi et qu'on adore faire. Mais j'ai bien conscience que les possibilités ne sont pas infinies", confie-t-il.

Pierrick Chatel consacre une bonne partie de ses journées à la recherche d'un nouvel emploi.

"Ma première priorité, c'est de retrouver du boulot, d'avoir un minimum de revenus pour assurer le quotidien de trois enfants", poursuit Pierrick. Candidatures spontanées, démarches par Internet, appels téléphoniques … Pour ce néo-demandeur d'emploi, aller de l’avant n’est pas une option mais une nécessité. "On ne peut pas se permettre d'attendre, d'encaisser ou de digérer", conclut le journaliste.

La solution de l'intérim

Une situation difficile à accepter pour Edith Canaldo, licenciée à moins d’un an seulement de la retraite. Depuis l'annonce, elle fait son possible pour rester active. Le jogging et le jardinage l'aident beaucoup. "Tirer les mauvaises herbes c'est très bon pour l'esprit. J'ai besoin de m'occuper l'esprit, sinon je serais à la dérive", souffle-t-elle.

Edith Canaldo dispose chez elle de nombreux documents d'archives retraçant l'histoire des IRN.

Cette ancienne responsable de production a passé 40 ans au sein des IRN, l'une des deux imprimeries du groupe Melchior. La liquidation a changé tous ses plans. "Pour moi ce sera de l'intérim. De la manutention ou de l'administratif, peu importe. Rien ne me fait peur. Ce n'était pas dans mon objectif de reculer les échéances. Je voulais que tout soit payé pour fin 2023 et finalement, ce ne sera pas le cas", conclut Edith.

L'attente des paiements

Pour Edith comme pour Pierrick, les prochains mois s’annoncent chargés d’incertitudes. Tous les regards se tournent vers le mandataire chargé de la liquidation. Depuis deux semaines, l'épais dossier met à contribution les dix collaborateurs de Mary Laure Gastaud. Objectif prioritaire de l’équipe : assurer le paiement des salaires, du préavis et des indemnités de licenciement aux employés.

"Les salaires de mars sont payés, on va essayer également de payer les préavis dans les semaines qui viennent. En revanche, les indemnités de licenciement ne seront versées qu'après cession des actifs, ce qui peut prendre un an ou deux ans", explique Mary Laure Gastaud. 

Autre axe de travail prioritaire : la reprise, partielle ou complète, des Nouvelles calédoniennes. "J'ai des signaux positifs. Il y a déjà des manifestations d'intérêt de la part de personnes intéressées pour reprendre le titre", affirme la liquidatrice judiciaire. Les offres de reprise seront connues le 16 mai prochain.

Des réunions d'information

En attendant, la province Sud prend elle aussi en main une partie du dossier. Elle organise des réunions d’information avec les salariés licenciés. Au sein de l'institution, la direction de l’emploi et du logement prévoit une enveloppe spéciale de 15 millions de francs. À la clé, des outils spécifiques pour les 107 demandeurs d’emplois.

La province Sud organise des réunions d'information à destination des salariés licenciés.

"On a mis en place un guichet unique qui nous permettra de les recevoir dans les meilleurs conditions possibles. On a également mis en place un numéro de téléphone et un canal numérique dédiés pour échanger les informations. Nous avons aussi désigné deux conseillères qui seront référentes et se consacreront à l'accompagnement des salariés", énumère Marie Benzaglou, directrice de l'emploi et du logement à la province.

S'ils ne trouvent pas d'emploi, les salariés licenciés pourront prétendre à des allocations chômage d'environ 120 000 francs pendant 9 à 14 mois. Mais ils devront d'abord attendre la fin de leur préavis de licenciement.