Melbourne: 18h de siège pour venir à bout d'une émeute de délinquants mineurs

La police anti-émeute s'approche de l'établissement pénitentiaire pour mineurs de Parkville, à Melbourne, lundi matin.
En un an, la criminalité a littéralement explosé dans le Victoria. Dans certains quartiers, les cambriolages et vols de voitures sont devenus quotidiens. 
Le Victoria a opté pour un internement thérapeutique des jeunes délinquants. Mais le gouvernement s'apprête à prendre un virage à 180 degrés, et à revenir à un système plus répressif, en mettant les mineurs en prisons pour adultes. 
 
En Australie, le gouvernement du Victoria est débordé par les délinquants mineurs. Lundi, les policiers ont eu le plus grand mal à mettre fin à une émeute à l'établissement pénitentiaire pour mineurs de Parkville, à Melbourne.
Une poignée de jeunes détenus ont réussi à s'échapper de leurs cellules en passant par le toit. Ils ont ensuite volé des outils à l'atelier, pour forcer les portes d'autres cellules et libérer leurs camarades. Les 40 émeutiers ont mis à sac l'établissement. La facture des dégâts atteint un demi million de dollars. Puis ils se sont ensuite barricadés dans un endroit inaccessible. Le siège a duré 18 heures. 
 
C'était la 4ème émeute de délinquants mineurs depuis le début de l'année dans le Victoria. 
 
« J'en ai assez, les habitants du Victoria en ont assez. Donc ces détenus vont être transférés dans des prisons pour adultes. Et je ne vais pas m'excuser d'avoir pris cette décision », a déclaré Daniel Andrews, le Premier ministre travailliste de l'état, sur ABC. 
 
D'après la ministre des Familles et de l'Enfance du Victoria, Jenny Mikakos, le gouvernement du Victoria prend des « mesures juridiques d'urgence » pour autoriser le placement de la quarantaine d'émeutiers dans des prisons pour adultes.  
Des gangs rivaux se sont affrontés lors d’une échauffourée jusque là inédite, sur la place de la Fédération, en mars dernier, en plein centre de Melbourne.

 

 
Les autorités sont en effet submergées de détenus mineurs. D'après la Crime Statistic Agency, le taux de criminalité général a augmenté de 13.4% dans le Victoria entre juin 2015 et juin 2016.
 
Dans les banlieues de Melbourne, la criminalité aussi a augmenté Il s'agit principalement de cambriolages et de vols de voiture, souvent très violents. Le plus souvent, ce sont des gangs de jeunes Australiens d'origine africaine (principalement des réfugiés du Sud-Soudan) qui sont mis en cause dans les médias australiens. 
 
« Il y a 3 ou 4 ans, l'âge de la majorité pénale est passé de 17 à 18 ans. Il faudrait changer ça, souligne Ron Iddles, le secrétaire du syndicat des policiers du Victoria, la Police Association. Et puis il faut aussi se pencher sur le modèle choisi, qui est l'internement thérapeutique, dont l'objectif est de responsabiliser et autonomiser les jeunes délinquants. Et clairement, ce modèle ne marche plus depuis 5 ou 6 ans. Malheureusement il va falloir revenir à un système de détention plus traditionnel, où on éduquerait les jeunes. » 
 
Les associations d'aide aux jeunes délinquants estiment que mélanger mineurs et adultes est dangereux. Selon elles, enfermer un jeune avec des criminels endurcis, cela revient à le mettre à l'école du crime. Et au sein du parti travailliste, malgré les propos de Daniel Andrews, beaucoup répugnent également à accepter cette mesure drastique.  
 
Mais Liana Buchanan, la commissaire à l'enfance du Victoria, apporte son soutien au gouvernement, sous condition, si l'emprisonnement des mineurs avec les adultes n'est qu'une solution temporaire: 
 
« Si on met des mineurs dans le système pénitentiaire pour adultes, il faut s'assurer que les jeunes seront dans des quartiers séparés des adultes. C'est vraiment le garde-fou minimum à mettre en place. » 
 
La crise de la prise en charge des détenus mineurs ne touche pas que le Victoria, mais bien tout le pays. Récemment encore, de jeunes délinquants ont démarré une émeute en lançant des briques aux gardiens, en Australie occidentale. Et en Nouvelle-Galles du Sud et dans le Queensland, les établissements pénitentiaires pour mineurs sont saturés.