MKM, quatrième mineur calédonien intéressé par le projet de QPM en Australie

"Le procédé Direct Nickel Process n’a jamais été construit ailleurs dans le monde." considère Corinne Bufnoir, de QPM Nouvelle-Calédonie
Le mineur MKM et l'entreprise australienne Queensland Pacific Metals viennent de signer un accord de fourniture de minerai, dans le cadre d’un projet d’usine hydrométallurgique envisagée à Townsville. Le gouvernement calédonien examinera les demandes d’autorisation d’export.

L’aventure entre la Nouvelle-Calédonie et la compagnie QNi a pris fin en 2016. Des mineurs calédoniens regardent à nouveau, aujourd’hui, vers l’Australie, terrain d’une tout autre ambition industrielle. La ministre australienne des Affaires étrangères, Penny Wong, a d’ailleurs évoqué, en une phrase, ces possibles "partenariats", à la tribune du Congrès, le 20 avril. 

Après la SLN, la Société des mines de la Tontouta, du groupe Ballande, et la Société minière Georges Montagnat, l’opérateur MKM vient de signer un accord de fourniture de minerai, pour un maximum de 300 000 tonnes humides par an, avec l'entreprise australienne Queensland Pacific Metals (QPM). L’annonce a été faite au marché en ce milieu de semaine. 

Le contrat prévoit l’approvisionnement en latérites jaunes, d’une teneur de 1,6 % en nickel et de 0,18 % en cobalt, sur une durée de dix ans. Si les autorisations d’export sont accordées, le volume de Maï Kouaoua Mines viendra sécuriser les 1,6 million de tonnes de minerai nécessaires à l’alimentation de la première tranche du projet hydrométallurgique envisagé à Townsville : la production visée est de 16 000 tonnes de nickel contenu, sous forme de sulfate de nickel, et de 1 800 tonnes de cobalt, en sulfate de cobalt, des éléments destinés à la fabrication des batteries pour les véhicules électriques. 

Les produits de QPM seraient vendus, d’après le plan de la phase 1, aux groupes sud-coréens LG et Posco pour une part majoritaire, ainsi qu’à l’Américain General Motors. "Notre société est heureuse de contribuer à la mise en place d'une usine métallurgique innovante dans son process et respectueuse des règles sociales et environnementales" a observé le directeur général de MKM, Christian Taupua, dans une déclaration officielle.

100 % au gaz

Ce projet Tech, pour Townsville Energy Chemicals Hub, s’appuie sur une technologie nouvelle à partir d’acide nitrique, qui est recyclée. Ce dispositif présente des avantages, selon les promoteurs : aucun effluent, ni de résidus solides. Le principe avancé est d’instaurer une succession de petits pôles au sein de l’usine, afin de récupérer un maximum d’éléments. Outre le nickel et le cobalt, QPM entend capturer le fer, sous forme de granules agglomérées pour le marché de l’acier, mais aussi la magnésie, l’alumine de haute pureté et un sable utilisable, à la suite de recherches avec l’Université James-Cook, en matériaux de remblais.

Le futur complexe, prévu sur un terrain à proximité d’un port, fonctionnerait à 100 % au gaz naturel liquéfié arrivé par pipeline du bassin de Bowen. Ce gaz, aujourd’hui évaporé ou brûlé, serait capté. "C'est l’une des grandes forces du projet Tech : sécuriser et maîtriser l'énergie nécessaire pour cette nouvelle technologie de traitement de nickel et de cobalt" explique Corinne Bufnoir, directrice générale de Queensland Pacific Metals Nouvelle-Calédonie. "Ce projet parvient à des émissions de CO2 négatives, en effet la transformation d'une tonne de minerai sec permettra la réduction des émissions de gaz à effet de serre de presque une tonne de CO2 par an, soit l’équivalent de 215 000 voitures".

Christian Taupua et Wilfrid Maï (3e), de MKM, ont discuté il y a quelques jours des termes de l’accord, avec John Abbott et Stephen Grocott, de QPM, ainsi qu’avec Corinne Bufnoir, de QPM NC

"Moins gaspiller"

Le coût de la première tranche, la plus lourde comparée à de possibles unités de production supplémentaires, est d’environ 2 milliards de dollars australiens. Si la partie financière est en bonne voie, la clé du projet repose sur l’approvisionnement en minerai. La SLN bénéficie de l’autorisation d’exportation d’un million de tonnes par an, contrairement à la SMT qui la demande pour 600 000 tonnes, à la SMGM, pour 200 000 tonnes maximum, et à MKM, pour 300 000 tonnes. "QPM, avec son projet Tech, offre la possibilité aux mineurs de moins gaspiller et de mieux valoriser leur gisement" appuie Corinne Bufnoir. Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie examinera les dossiers et tranchera.

Si tous les voyants sont au vert, l’Australien Queensland Pacific Metals table sur un début de production fin 2025 ou début 2026, au terme de deux ans de construction du complexe hydrométallurgique.