"Nous ne voulons plus d’une justice qui n’écoute pas et qui chronomètre tout" : le 23 novembre 2021, 3 000 magistrats dénonçaient leurs conditions de travail dégradées dans une tribune publiée dans le journal Le Monde. Tribune qui sera en réalité signée par près de 8 000 magistrats, auditeurs de justice, greffiers, etc. "Cette tribune faisait suite au suicide d’une jeune magistrate de 29 ans qui exerçait à Douai, et qui était dans une situation très difficile en raison de la charge de travail et au manque de soutien de sa hiérarchie. Les magistrats ont donc réagi et ça a été un véritable tsunami", explique Christian Pasta, délégué régional de l’Union syndicale des magistrats (USM).
Situation difficile dans certaines juridictions
Un an après, la situation s’est-elle améliorée ? Pas vraiment, selon lui. "Si des avancées ont été constatées, on est encore dans une situation très difficile dans certaines juridictions. Les conditions de travail sont devenues totalement insupportables. On est dans une logique comptable. Or, le métier de magistrat, c’est rendre des décisions de qualité dans des délais raisonnables. Plus on rend des décisions, moins la qualité est là. Et plus on force les délais, moins la qualité est présente également. C’est mécanique", assure-t-il.
A Nouméa, "encore épargnée par ces problématiques", des créations de poste ont été demandées, "tant au parquet, qu’au siège, car les difficultés se situent plutôt au niveau des magistrats du siège à Nouméa. En raison, notamment, de postes vacants et de maladies, nous avons eu quelques difficultés au cours de l’année écoulée. Mais il y a ici une implication très forte des chefs de cour et de juridiction, pour aider les magistrats et pour avoir une politique de recrutement suffisante".
Audiences perturbées
Et pourtant, à l'initiative de plusieurs syndicats de fonctionnaires et de magistrats des services judiciaires, un rassemblement est organisé ce mardi en fin de matinée, au tribunal de première instance de Nouméa. Il s'agit de dénoncer "l’immobilisme et l'absence de changement dans la politique de la chancellerie". Conséquences : les audiences correctionnelles au tribunal de première instance et à la cour d’appel seront perturbées. "Nous allons retenir les audiences prioritaires, c’est-à-dire les dossiers où il y a des détenus et les dossiers qui ont déjà été renvoyés, pour cause de Covid par exemple. Tous les autres dossiers seront renvoyés", indique Christian Pasta.
Un entretien à retrouver ici.