L'opéra de Sydney éclairé en jaune et vert, le sommet des plus hauts buildings de la ville aux couleurs des Matildas, les stars de l'équipe peintes sur les murs de Bondi Beach. En plein hiver, le pays tout entier s'embrase autour du parcours de sa sélection féminine dans le Mondial organisé sur ses terres.
Les audiences télévisées dépassent celles de la très populaire rugby league. La presse s'enflamme au point de comparer le quart de finale gagné contre la France à la médaille d'or de Cathy Freeman sur 400 mètres aux Jeux Olympiques de Sydney 2000. Un quotidien a même changé de nom avant le match gagné contre les Bleues : le Courrier Mail est devenu l'espace d'un jour le Kerr-ier Mail, clin d'œil à l'attaquante star, Samantha Kerr.
Un embrasement populaire, économique et sportif
Mardi matin, alors que les Matildas s'entraînaient au Jubilee Stadium, les enfants d'une école primaire située à proximité du terrain, sans même voir les joueuses, scandaient leur surnom, visage collé au grillage.
Sur le plan économique, le succès est total. Selon The Australian, 7,6 milliards de dollars de retombées économiques ont été générés. Les ventes de maillots de la sélection féminine ont dépassé, avant même le début de l'épreuve, celles des garçons avant, pendant, et après le Mondial qatari l'an passé.
La vague est énorme et la fédération locale compte bien surfer dessus le plus longtemps possible. Elle prévoit 20% d'augmentation de ses licenciées féminines dans un futur proche et pousse pour obtenir une subvention gouvernementale de 500 millions de dollars pour améliorer la qualité de ses infrastructures. Les stades, remplis à Sydney, Brisbane, Melbourne ou encore Adelaïde, l'incitent également à se positionner pour l'organisation d'autres évènements majeurs : la Coupe d'Asie 2026, le Mondial des clubs 2029, et la Coupe du monde masculine 2034.
Des joueuses bouleversées et "blindées" pour la suite
Dans cette effervescence totale, le mot d'ordre donné par le sélectionneur Tony Gustavsson à ses troupes a été le suivant : "repartir à zéro et récupérer". Pas si évident après 120 minutes intenses face aux Bleues, la plus longue série de tirs au but de l'histoire, et des réactions populaires aussi incroyables que cette qualification inédite pour le dernier carré, comme cette rue de Melbourne rebaptisée au nom de la gardienne Mackenzie Arnold.
"Les derniers jours ont été bouleversants pour moi. Je n'avais jamais reçu autant de marques d'affection. En même temps, je me suis blindée, parce que je sais qu'en fonction de ma prestation face à l'Angleterre, ce ne sera peut-être pas la même chose (éclats de rire en salle de presse). Donc, je me concentre à fond sur ce match." Ce qui transcende ce groupe, c'est la possibilité d'offrir beaucoup plus qu'un trophée, estime l'entraîneur.
"Cette sélection sait qu'elle ne joue pas seulement 90 minutes de football. Elle joue pour un pays tout entier qui l'encourage dans les stades, devant leur hôtel, en transit dans les aéroports. C'est incroyable de recevoir autant de soutien et plus qu'une pression, c'est pour nous quelque chose de moteur. Cela nous porte, on sent que les gens croient en nous."
Premier duel Australie - Angleterre en Coupe du monde
Ce mercredi, le Stadium Australia de Sydney sera une nouvelle fois à guichets fermés pour ce choc face à l'Angleterre. Si les deux formations ne se sont jamais affrontées dans cette épreuve, elles l'ont fait en amical le 11 avril, à Brentford, avec un succès des Matildas 2-0 à la clé. Il faudra faire très fort pour rééditer cette performance dans ce Mondial, même à domicile.
Les Anglaises n'ont perdu que deux matchs sur leurs treize derniers disputés dans cette compétition, et elles atteignent pour la troisième fois d'affilée les demi-finales. Dirigées par Sarina Wiegman, l'unique coach féminine encore en lice dans le tournoi, elles restent par ailleurs sur un sacre européen en 2022.
L'Espagne s'est qualifiée face à la Suède, mardi soir, pour la finale. Le match entre l'Australie et l'Angleterre est programmé à 21 heures ce mercredi.