Avec un grand-père et un oncle maternel passionnés de moto et un père pilote de quad, Arnaud est né sous l’étoile du sport mécanique. A seulement 4 ans, il est déjà pilote. D’autres sports l’attire par la suite, mais son désir de rouler est plus fort : à 8 ans, ce sont ses premières courses. Il découvre les circuits de Païta, Boulouparis, et Népoui, puis celui de Tontouta. La vie passe à vitesse grand V : il s’envole vers la métropole dans l’espoir de faire carrière. « Je suis parti en mars 2018 accompagné de mes grands-parents. Cela coïncidait avec la retraite de mon grand-père. Ils m’ont suivi ». C'est une pierre de plus dans l’édification d’un projet sportif commencé en 2017. Cette année-là, Arnaud devient champion de Calédonie en 85 centimètres cubes. Après la venue sur le territoire de Pascal Finot, formateur et détecteur national de la fédération française, il est retenu, comme Ethan Lepigeon et Hailey Ho, pour un mois de stage au pôle mécanique la Montagne Noire, en métropole. « J’ai participé à trois courses, pour trois podiums en benjamins. Je remporte une course sur prairie à Grazac, obtient la 2e place dans une course de ligue à Castelnau-de-Lèvis et je me classe 3e à la finale du championnat de France Minivert (10-12 ans) à Saint-Mamet ».
Le garçon a des aptitudes et se fait repérer. Un homme souhaite le prendre sous son aile : Sébastien Pourcel, champion de France Elite MX1 450 centimètres cubes et vainqueur des Internationaux de France dans sa carrière. Il va lui permettre de décoller : Arnaud se place dans le Top 10 du championnat de France cadet 85cc. Des preuves d’une qualité certaine, avant que le ciel ne s’assombrisse.
« Il avait un niveau qui commençait à bien monter, mais en raison de blessures, il n’a pu faire les championnats dans leur intégralité. Il a du attendre ces deux dernières années pour montrer qu’il était capable d’être devant, raconte son grand-père, Newton, qui le suit dans chacun de ses déplacements.
Si il termine 1er du championnat de Méditerranée en 2021, une grosse blessure l’empêche de finir le championnat de France. « Il a fait preuve de mental et je l’ai aidé à le maintenir. Je ne suis pas sûr qu’un autre pilote aurait résisté à trois ans consécutifs de pépins physiques et la crise sanitaire. Ce n’était pas évident de reprendre la moto ».
Une relation étroite avec son grand-père
Ce soutien, Newton l’a toujours apporté à son petit-fils. « C’est lui qui m’emmenait à l’entraînement. Il était toujours là, à faire la mécanique. Je le remercie pour tout ce qu’il a fait pour moi. Il a eu le courage de tout quitter en Nouvelle-Calédonie pour venir s’occuper de moi ici ». Un grand-père attentif et présent. « Je suis un peu tout : le papa, le coach, celui qui corrige un peu, qui l'aide quoi. Quand il fait ses entraînements, c’est moi qui m’occupe de la moto et de la mécanique. Changer les pneus, faire la vidange, faire tout ce qu’il faut pour que la moto soit prête. Ce que je lui dis toujours c’est que si je travaille à 100% sur sa moto, il doit l’être aussi en tant que pilote ». Le lien familial qui les unit n'empêche pas quelques recadrages, des deux côtés. « Je le pousse tout le temps, on ne peut pas être à cloche-pied si l’on veut performer. Des fois, je me fais engueuler aussi si je n’ai pas bien préparé la moto (sourires). En course, je laisse Sébastien Pourcel et son manager faire leur travail. Je reste sur le côté, je l’observe, et s’il fait des erreurs, ça m’énerve (rires). On débriefe à la maison en évoquant ce qu’il a fait, ce qu’il n’a pas fait, et ce qu’il aurait pu faire ».
Entouré, Arnaud tient bon et les problèmes de santé disparaissent. Ses prédispositions de bon pilote, elles, ne l’ont pas quitté. « J’ai pu faire une année complète en catégorie 125 centimètres cubes junior. Je fais vice-champion d’Occitanie, et 5e aux championnats de France ». Appelé pour participer à la Coupe de l’Avenir avec l’équipe de France de la catégorie, il prend la 3e place en équipe, monte sur la seconde marche du podium en individuel dans le classement Open, et termine 1er en 125cc. Il prend part également à plusieurs manches du championnat d’Europe où il figure parmi les dix meilleurs. Plus que l’image du vent qui tourne, c’est d’abnégation dont il faut parler. Celle-là même qui vous porte plus haut. Le voilà désormais en championnat de France Elite MX2, 250 centimètres cubes, juste en-dessous des 450cc. Il a intégré la Pro Factory Racing Team dans laquelle il côtoie quatre autres pilotes dont une féminine.
Immersion dans une saison de MX2 250cc
Cette saison, trois courses ont déjà été disputées à Lacapelle-Marival dans le Lot, Castelnau-de-Lèvis, une commune du Tarn, et Romagné, en Ille-et-Vilaine. Les grilles de départ sont chargées : 43 pilotes sont parvenus à inscrire des points. Arnaud figure en 20ème position au classement général avec 29 unités. « Dans une course préparatoire à l’ouverture de la saison, je me suis fait mal à la main. Je n’ai pas pu terminer la première épreuve. Par contre, je me suis classé 10ème à Castelnau-de-Levis. Le nombre de partants peut varier, de 40 à 80 pilotes. Si l'on est plus de 40, on fait des qualifications le matin, et on prend les vingt meilleurs de chaque groupe pour les manches finales. C'est sûr que c'est impressionnant d'avoir autant de monde à côté de toi sur la grille de départ, et les circuits le sont également. Même si le niveau est très élevé, je ne me concentre que sur moi-même, et je fais comme si j'étais seul sur la piste, en étant prêt à donner le meilleur ".
Newton, lui, continue de veiller au grain. " Ca a toujours été ma passion. De le suivre dans tout ce qu'il fait aujourd'hui, cela m'apporte de la joie. Je ne suis pas toujours là pour le féliciter parce qu'il fait encore des bêtises (rires), mais cela m'apporte beaucoup de le voir rouler ". Une relation qui compte énormément, aussi, pour le pilote. " Les débriefings qu'il me fait, cela m'aide. Des fois, c'est dur à accepter, mais je sais que le fait d'être à l'extérieur, cela donne une bien meilleure vision que celle de l'intérieur. Les autres voient beaucoup mieux les défauts que nous-même. Si tu acceptes les choses et que tu fais en sorte de corriger tes défauts, c'est sûr que ça ira mieux. Mon grand-père est hyper important dans tout ce que je fais ici. On est vraiment tout le temps tous les deux, ça marche très bien, et je ne changerais pas tout ça ".
Le reportage de Martin Charmasson, avec Natacha Faure :